Le narrateur, enseignant en région parisienne, passe les deux mois d'été dans sa résidence secondaire de Varangeville-sur-Mer, en Seine-Maritime, avec sa femme Anna et leurs filles jumelles de 7 ans. Il rencontre par hasard Alice, une vieille femme qui vit avec sa soeur Clémence. Une relation très étrange s'instaure entre eux, le narrateur lui rend de plus en plus souvent visite. Ils se découvrent un point commun : l'intérêt pour les Indiens hopi d'Arizona, parmi lesquels a vécu Alice. Jour après jour, la vieille femme évoque sa jeunesse : son père photographe, André Breton, l'Arizona, les traditions hopi, la colonisation blanche...
Deux histoires transversales, donc : celle d'un homme qui ne se satisfait plus de sa vie de famille, et celle d'une vieille femme qui raconte pour la première fois son adolescence en Arizona, au milieu des Indiens hopi et d'adultes blancs passionnés par ce peuple (son père et Breton...).
Le roman se concentre autour de ces deux personnages : Alice, vieille femme insolite, difficile, abrupte, parfois tranchante et imprévisible... et le narrateur, qui laisse son couple partir à la dérive. L'attitude de cet homme met mal à l'aise : que cherche-t-il auprès de cette vieille femme, pourquoi négliger à ce point ses proches ? Sa relation avec Alice est également très surprenante, déroutante : il écoute beaucoup, il y a des moments de grande tension entre eux, mais il revient toujours la voir, malgré tout. Ils semblent très proches, mais cela semble difficile de parler d'amitié... Ainsi parle Alice à cet homme : "Quand vous n'interrogez pas, vous vous taisez, c'est pire. Vous vous taisez pour m'obliger à parler... Vous voulez quoi exactement ?" (p. 136).
Tout le récit sur la jeunesse d'Alice est très enrichissant et captivant, j'ai moins aimé les difficultés conjugales du narrateur, dont je ne parvenais pas à saisir la nature. En fait j'ai eu du mal à ressentir de l'empathie pour ces deux personnages.
Comme dans Les déferlantes toutes les petites anecdotes (par exemple la mort des éléphants) sont un régal.
L'atmosphère m'a légèrement fait penser à certains romans d'Olivier Adam : une tristesse, une menace sourdes en filigrane.
Un roman très riche qui donne envie de vivre pas très loin d'une certaine chouette blogueuse ,
de tout connaître sur les Indiens Hopi...
"En terre hopi, l'individu seul n'existe pas. Chaque homme fait partie d'un Tout. Du vivant et de l'inerte. Il n'y a pas de solitude." (p. 166)
... notamment grâce à Soleil Hopi, témoignage de Don C. Talayesva recueilli par Leo Simmons,
d'en savoir plus sur André Breton,
d'avoir connu son atelier, véritable musée ethnologique, hélas démantelé...
de connaître l'oeuvre du peintre Roman Opalka...
... et de continuer à lire et savourer l'oeuvre de Claudie Gallay... A venir très bientôt :
Le billet de Leiloona ici.
Ma note : 15/20
Dans l'or du temps, Claudie Gallay, Actes Sud, Collection Babel, février 2008, 365 p.