levyLouise est amoureuse de Pablo, elle apprend avec surprise et bonheur qu'elle est enceinte tandis que sa mère Alice est mourante. On suit l'agonie de la maman à l'hôpital, d'autant plus douloureuse pour Louise qu'elle n'ose pas lui annoncer sa grossesse et qu'elle a l'impression d'avoir mal aimé cette mère "pas comme les autres" (cf. Le rendez-vous de la même auteur). Après le décès d'Alice, Louise continue à vivre sa grossesse tant bien que mal : comment être à la fois heureux et malheureux ? comment voir sa mère mourir et sa fille naître peu de temps après sans ressentir de culpabilité ? comment ne pas chercher sa mère trop tôt disparue dans le visage de son enfant ?

L'écriture est fluide et très agréable, la description de la lente (et trop rapide) perte d'un proche par la maladie sonne souvent juste, les sentiments ambivalents d'alors sont bien dépeints : vouloir désespérément retrouver la mère d'avant et souhaiter que celle-là, méconnaissable sur son lit d'hôpital, meure pour ne plus souffrir... Les maladresses, la simplicité et la modestie de Louise/Justine la rendent touchante et de ce fait attachante. On peut s'identifier à certaines faiblesses de fille indigne, de femme enceinte, de jeune mère qui se sent coupable, qui en fait trop par peur de ne pas être à la hauteur.

Par contre, plusieurs points ont un peu gâché ce plaisir de lecture. Tout le monde le sait, Justine Lévy est la fille de BHL et d'Isabelle Doutreluigne, et l'épouse du comédien Patrick Mille. Pourquoi qualifier de roman un récit qui semble largement autobiographique, en gardant de surcroît certains des vrais noms et en en changeant d'autres ?... La scène de l'enterrement m'a semblé outrée, de même que cette manie de clamer ces comportements à risques de femme enceinte. La simplicité auto-proclamée de l'auteur est-elle réelle, ou s'agit-il de fausse modestie ? Les difficultés de cette petite fille riche et couvée par son papa m'ont parfois échappé. Enfin, on a beau aimer ses parents, cela ne dispense pas de rester objectif. Mais bon, l'auteur est franche et avoue p. 184 être "une menteuse", à nous de relativiser tout cela, donc !

Un moment de lecture néanmoins agréable, merci à Antigone qui m'a fait craquer !challenge_du_1_litteraire_20091

Ma note : 14/20

Mauvaise fille, Justine Lévy, Stock, septembre 2009, 197 p.

8ème livre lu dans le cadre du challenge de Levraoueg, je suis en route vers les 2% !

Il me semble avoir préféré ses deux premières auto-fictions :

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