La Vague, Todd Strasser
L'avis de Mr :
Sur le roman : Ce bref récit montre, de manière simple mais efficace, que l'être humain peut adopter - en raison de sa nature - des conduites qu'il réprouverait a priori, soit intellectuellement, soit moralement, dès lors que les circonstances le lui permettent ou l'y conduisent. L'auteur porte sur les protagonistes un regard de naturaliste plus que de moraliste, y compris sur la principale réfractaire du mouvement intitulé "la Vague". Cette présentation renforce l'universalité du propos du livre. Celui-ci ne décrit pas seulement les mécanismes exploités par les mouvements politiques à tendance totalitaire, mais aussi ceux mis en oeuvre à l'occasion d'autres formes de tyrannie sur la pensée. A cet égard, j'ai trouvé que l'auteur explique particulièrement bien l'efficacité des mouvements sectaires (cf. p. 119 de la présente édition). La peur, l'orgueil et l'avidité des personnages du roman "déterminent" leurs comportements. Ces traits de caractère, partagés par tous les humains, sont précisément ceux qui sont exploités par les mouvements ou personnes charismatiques contre lesquels le livre nous met en garde... Un livre en permanence d'actualité que je recommande en particulier aux adolescents (à partir de 15 ans). Ma note : 15/20.
Sur la postface : Dans sa postface, l'éditeur fait référence à George Orwell (La ferme des animaux), à juste titre, ainsi qu'à Eugène Ionesco (Le rhinocéros) que je n'ai pas lu. Il aurait aussi pu citer Arthur Koestler (La quête de l'absolu) qui décrit l'aveuglement qui fut le sien lors de son voyage en Russie alors qu'il adhérait encore aux idéaux communistes, au nom de l'égalité et de la lutte contre le fascisme. Sa fascination d'alors rappelle en effet celle ressentie par les adeptes de "la Vague". La réflexion de Koestler sur la place de l'individu (avec ou sans liberté de pensée) dans le groupe (avec sa force d'action) est d'ailleurs un fil conducteur de son oeuvre, y compris romanesque (Spartacus, Le zéro ou l'infini).
La Vague, Todd Strasser, Pocket, février 2009, 228 p.