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Canel
30 mars 2010

Trudi la naine, Ursula Hegi

trudiTrudi naît en 1915 à Burgdorf, près de Düsseldorf en Allemagne. La naissance de la petite fille trouble la santé mentale de sa mère Gertrud, qui refuse d'abord de toucher son bébé, puis finit par l'accepter sans pour autant retrouver la raison. Gertrud décède à l'hôpital psychiatrique lorsque Trudi a quatre ans. La fillette continue à être bien entourée de ses voisins particulièrement attentionnés avec elle, et surtout d'un père formidablement doux et aimant. En revanche, Trudi côtoie peu les enfants de son âge qui la fuient parce qu'elle est naine. A mesure qu'elle grandit, elle apprend à subir la cruauté, le rejet dûs à sa différence. Elle se forge une carapace en se repaissant des petits secrets honteux ou amusants des autres. Elle puise sa force dans l'amour que lui voue son père, un bibliothécaire passionné de livres... En arrière-plan, inévitablement, on assiste à l'avènement du nazisme après la défaite de l'Allemagne en 1918, à la montée en puissance de l'antisémitisme, puis, de plus en plus intimement mêlée au destin de Trudi, la guerre apparaît dans toute son horreur.

Ce roman nous offre le portrait magnifique d'une femme différente, intelligente et extrêmement sensible, et de ce fait très attachante. Beaucoup de personnages émouvants gravitent autour d'elle et savent lui répondre  - son père, en premier lieu. La détresse de Trudi enfant est lancinante, douleur de la différence d'abord, douleur du rejet qui en découle, ensuite. Son handicap et l'amour de ses proches feront d'elle une femme forte, fière, mais bonne et juste, toujours animée néanmoins par sa colère et sa haine envers ceux qui la blessent.

La peinture de la petite ville allemande de Burgdorf et de ses habitants entre 1915 et 1952, à travers le regard acéré et sans complaisance de Trudi, est particulièrement intéressante : crise économique consécutive à la guerre 1914-1918, rôle de la femme et place de la famille, horreur de la guerre pour les populations, arrivée des soldats américains et épuration, "retour au calme"... et bien sûr, omniprésente, l'évolution de l'antisémitisme jusqu'à son point culminant.

C'est l'occasion d'explorer la palette des réactions humaines des plus viles aux plus nobles dans les situations extrêmes... On s'émeut, on reçoit parfois de grands chocs, on se régale aussi car cet ouvrage est riche de jolies phrases, d'idées percutantes, de beaux dialogues qui ponctuent la densité du récit. Mais, hélas, on est aussi submergés de détails, de personnages et c'est dommage car j'ai plus d'une fois repris cet ouvrage fastidieux à contrecoeur. Je ne devrais pas le dire car malgré tout, je conseille vivement de faire connaissance avec Trudi !

Une superbe découverte intéressante que je dois au Prix des Lecteurs Livre de Poche 2010 - merci !

PS : je ne classe FINALEMENT PAS ce livre en coup de coeur car sa lecture a été trop fastidieuse... je changerai peut-être d'avis dans quelques jours, avec le recul. Pour l'instant je suis heureuse de passer à autre chose de plus léger, tant sur le fond que sur la forme...

L'avis de Solenn.

Trudi la naine, Ursula Hegi, LGF, Le Livre de Poche, février 2010, 732 p.

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Commentaires
C
@ Pickwick : ah oui alors, tu la tiens ta vraie héroïne, c'est une femme forte, Trudi ! :-)<br /> Par contre bloque 10-15 jours dans ton agenda-lecture, il ne coule pas tt seul, ce livre, loin de là. :-(
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P
Wouah, j'attendais ton avis, je ne m'étais pas trompée on dirait. Un livre fort (et en passant, une vraie héroine que je note pour le challenge), donc je note !!
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C
@ Aproposdelivres : très fort, oui, très beau, oui... mais ô combien lent, dense, et donc pas facile à lire !
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A
J'ai eu l'occasion de lire ce livre en octobre 2007, et je l'ai trouvé très fort et très beau. Il aborde le sujet de la discrimination à travers le regard de Trudi, une naine, de 1915 à 1952 en Allemagne. L'auteur est née en Allemagne en 1946.
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C
@ Stephie : envie de légèreté, après ça ! Bonne journée Stephie ! :-)<br /> @ Clara : pas seulement, il y a des pavés moins indigestes que celui-ci. J'ai du mal à déterminer ce qui me rebutait pour le reprendre alors que je ne cessais de m'extasier en le lisant. Trop dense ? trop riche ? je ne sais pas ! mais trop de personnages, oui, et des longueurs, à la fin...<br /> Néanmoins un des livres incontournables, selon moi... Et puis, ce qui ne m'a pas aidée à le savourer : JE DEVAIS l'avoir fini avant le 31/03, lecture pas l'esprit cool donc. J'aime pas ça.
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