Dans la ville des veuves intrépides, James Cañón
Colombie, années 1990. Les hommes du village de Mariquita ont été réquisitionnés par les guérilleros. Il ne reste que le prêtre et un jeune garçon, Julio, que sa mère a réussi à faire passer pour une fille. La sécheresse, la famine, les pénuries sont désormais le lot de ces veuves et de leurs enfants.
Une jolie découverte que ce récit, d'abord déroutant par sa construction, mais rapidement envoûtant. Des portraits hauts en couleurs des habitants de Mariquita - essentiellement des femmes - alternent avec des témoignages brefs et percutants sur les violences masculines (guérilleros, paramilitaires et armée nationale) au cours de cette guerre. Se succèdent des situations cocasses et amusantes (les souvenirs de la tenancière du bordel), des épisodes très émouvants (la belle histoire douloureuse de Pablo et Santiago), du tragicomique ("le projet de procréation") et, comme des flashs, l'horreur de la guerre (tortures, viols, massacres), mais aussi ses trêves. Le style et certaines anecdotes évoquent la plume de John Steinbeck... Je regrette, faute de connaissances sur la situation colombienne, d'avoir parfois eu du mal à démêler la fable de la réalité, notamment en ce qui concerne l'état de dénuement du village... Un roman très réussi, un témoignage important... même si le récit tend hélas à s'essouffler après les deux premiers tiers.
Dans la ville des veuves intrépides, James Cañón, LGF, Le Livre de Poche, mars 2010, 476 p.
Un article de Wikipedia m'a aidée à y voir un peu plus clair.