"Les hommes ne sont rien mais l'ont oublié depuis si longtemps que chaque soubresaut de la terre leur semble être un cataclysme. Ce n'est qu'un mouvement de vie plus sourd, plus lointain que le leur. Quelque chose au regard duquel leur vie d'homme n'est rien et ne compte pas." (p. 167)
L'ouragan plonge la Nouvelle-Orléans dans une ambiance apocalyptique. Les résidents sont invités à fuir, l'eau recouvre tout, les alligators surgissent dans la ville... Après une mise en place un peu fastidieuse, nous suivons quelques personnages qui vont se croiser au milieu du chaos : une femme noire presque centenaire (Josephine), un petit garçon et sa maman, l'ex de celle-ci qui vient la retrouver, des détenus, et un prêtre dont l'église sert de refuge aux sinistrés. Lancinante, la voix de Josephine nous rappelle que la plupart des victimes de la catastrophe restées sur place sont des Noirs... Comme dans la plupart de ses romans, Laurent Gaudé bouleverse le lecteur en le renvoyant à des angoisses à la fois intimes et universelles : l'effondrement des repères lors d'une catastrophe, la disparition affolante d'un enfant, la perte de maîtrise lorsque la nature reprend le dessus, la peur des animaux anthropophages... Et comme toujours l'écriture de Gaudé est parfaite, riche, évocatrice, mais sans artifices ni lourdeurs.
Avis : 15/20
Ouragan, Laurent Gaudé, Actes Sud, août 2010, 188 p.
Challenge 1% de la rentrée littéraire de Schlabaya : 4/7