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Canel
24 octobre 2010

~ L'enfant volé, Ian McEwan

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Stephen vit un calvaire, un des cauchemars de tout parent : sa fille unique de trois ans a disparu deux ans plus tôt alors qu'il faisait des courses avec elle dans un supermarché. Le couple n'a pas résisté à l'épreuve, chacun s'est enfoncé différemment dans son chagrin et éloigné de l'autre...

Tout était réuni pour que j'apprécie ce livre : la même plume délicieusement ciselée que dans Sur la plage de Chesil, la même finesse d'analyse, la même justesse des sentiments... Mais trop de considérations lentes sur l'environnement professionnel de Stephen m'ont ennuyée, noyée. Pas envie de me prendre la tête en ce moment, je l'abandonne... momentanément, car j'ai découvert qu'on pouvait aimer tardivement un livre et que ça valait parfois la peine de s'accrocher...

L'enfant volé, Ian McEwan, Gallimard, Folio, juin 1995, 410 p.

Un exemple du style parfait de Ian McEwan et de la subtilité du propos :

"(...) Stephen et Julie s'accrochaient l'un à l'autre, échangeant, à demi hébétés, des questions purement rhétoriques durant leurs longues nuits blanches, élaborant des théories, pleins d'espoir une minute, de désespoir la suivante. Mais tout cela avait cessé lorsque le temps, cette impitoyable accumulation de jours, eut clarifié l'amère vérité, et l'absolu de cette vérité. Les silences commencèrent à s'amonceler, de plus en plus profonds. Les vêtements et les jouets de Kate traînaient encore un peu partout dans l'appartement, son lit était resté défait. Puis, un après-midi, le fouillis disparut. Stephen trouva le lit dénudé et trois sacs en plastique pleins à craquer près de la porte de la chambre. Il fut saisi de colère contre Julie, dégoûté par ce qu'il interprétait comme un désir d'auto-destruction bien féminin, un défaitisme délibéré. Mais il ne pouvait pas lui en parler. Il n'y avait pas de place pour la colère, pas d'ouverture. Ils se mouvaient comme des silhouettes dans un bourbier sans avoir la force de se confronter. Tout à coup leurs douleurs s'étaient dissociées, insulaires, incommunicables. Ils suivaient chacun leur chemin, lui avec ses listes et ses déambulations quotidiennes, elle, assise dans son fauteuil, absorbée dans la spirale d'un chagrin profond, intime. Il n'y avait plus de réconfort mutuel à présent, plus de contact physique, il n'y avait plus d'amour. Leur longue intimité, leur habitude de se considérer comme alliés, tout cela était mort. Chacun demeurait  recroquevillé sur sa propre perte, et de tacites ressentiments commencèrent à naître." (p. 45-46)

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Commentaires
C
@ Joelle : exactement ça : "ennui sur les considérations annexes" ! bravo Joelle ! ça t'arrive souvent de formuler précisément ce que je ressens !! ;-)<br /> @ Emilie : j'ai juste manqué de patience, c'est pour ça que je pense le reprendre. Oui, le sujet est douloureux, ça me fait penser à "Le garçon dans la lune" de Kate O'Riordan (une pépite !).
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E
J'avais bien aimé mais je comprends que tu es abandonné et puis c'est vraiment un roman dur sur le plan psychologique.
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J
C'est un peu ce que j'avais ressenti en lisant "Samedi" de ce même auteur ... un peu d'ennui quand il s'étalait sur des considérations annexes !
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C
@ Gridou : les lectures communes, oui. Comme j'en case à peu près deux par mois, l'agenda est vite plein, donc là il y a du programmé jusqu'en mars. L'intérêt ? m'aider à sortir des pavés de ma PAL, et surtout, échanger avec un ou plusieurs lecteurs sur un livre en le lisant. Et ça j'aime bcp.<br /> Le reste de mes lectures, c'est au feeling.<br /> @ Anne-Sophie : moi aussi ! ;-)
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A
je passe pour le moment
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