~ Ce que je sais de Vera Candida, Véronique Ovaldé
Quelque part en Amérique latine au XXe siècle. Quatre générations de femmes : Rose, ex-prostituée au caractère bien trempé devenue pêcheuse, Violette, simple d'esprit et de moeurs légères, Vera Candida soustraite par son aïeule aux mauvais traitements maternels, puis Monica Rose. Le récit débute comme un conte : un petit village traditionnel au bord de la mer, un ogre avide de chair fraîche dans un palais, deux bonnes fées qui recueillent les mères seules et leurs bébés, un prince charmant qui emporte sa belle sur sa monture... Puis l'intrigue se centre sur Vera Candida, personnage urbain et contemporain, mais la plume, vive, limpide et sensible, reste enchanteresse. Des protagonistes très attachants, de l'humour doux, beaucoup de respect et d'amour (parental et conjugal), mais aussi de la douleur (la maladie, la mort)... bref, la vie !
Un pur délice de la première à la dernière page.
Je n'avais pas apprécié Déloger l'animal, aussi comptais-je en rester là avec l'auteur. J'aurais eu tort, et j'ai hâte de découvrir d'autres ouvrages de Véronique Ovaldé. Si vous avez des titres à conseiller ? merci !
Avis : 17/20
Ce que je sais de Vera Candida, Véronique Ovaldé, Editions de l'Olivier, août 1999, 292 p.
Envie de lire Toutes choses scintillant et Les hommes en général me plaisent beaucoup (pour, dans l'ordre : l'auteur, les notes Amaz*n, les couv, les titres) :
Extraits :
Amour parental : "[Il] aimait aller la chercher à l'école. (...) La sonnerie retentissait et il se redressait. La porte s'ouvrait et c'était réellement une volée de petits enfants qui déboulaient et cherchaient le visage de leurs parents, il y avait tout à coup une telle confusion, le surgissement de ces minuscules personnes électrisait l'atmosphère et il adorait voir le visage de Monica Rose se tendre et le distinguer, il adorait percevoir la confiance qu'elle avait en lui." (p. 231-232)
Maladie : "Un matin, elle vomit du sang et elle comprit que quelque chose de grave était en train d'arriver au fond de ses entrailles ; elle s'en étonna ; comment pouvait-il se dérouler des événements dans son corps dont elle ne savait rien, c'était comme de transporter dans son sac à main un reptile ou d'ouvrir l'une des chambres de sa maison et d'y découvrir un invité clandestin, installé dans un lit avec toutes ses affaires éparpillées autour de lui, cela ferait des mois ou même des années qu'il logerait là, dans un coin de votre chez-vous, et vous vous apercevriez qu'il a déjà organisé de nombreuses fêtes et des choses qui vous dégoûtent avec des gens qui vous dégoûtent, et une petite voix suffisante et illusoirement raisonnable vous répéterait, Ce n'est pas possible, tu l'aurais su." (p. 237)
Amour maternel, émerveillement pour son enfant : "Quand [sa fille] était encore toute petite (...) elle la laissait trottiner sur la plage et aimait à se persuader qu'elle ne connaissait pas cette enfant et qu'elle la voyait pour la première fois, elle tentait de deviner si elle aurait été tout autant subjuguée par la beauté de cette fillette si celle-ci n'avait pas été sa fillette. C'est très difficile, pensait Vera Candida, d'oublier que votre enfant est un organe siamois de l'un des vôtres, c'est très difficile de ne pas le considérer tout le temps comme un membre supplémentaire et parfait de votre propre corps." (p. 243)