~ Dans ma tête, Arnaud Roussel
Suite à un problème à la naissance, Alexandre est lourdement handicapé : réduit à l'immobilité totale et au mutisme, il ne vit que "dans sa tête". Son père est mal à l'aise avec lui, distant, mais le formidable amour de sa mère le porte. Ses parents le placent dans un foyer lorsqu'il a vingt-trois ans. A défaut d'interagir avec son environnement, Alexandre observe beaucoup, les sons et la musique notamment ont une importance capitale dans sa vie. Sans haine ni amertume, le jeune homme apprécie l'amitié des autres résidents, la douceur des éducateurs et des veilleurs, leurs attentions : Céline qui lui fait aimer les séances à la piscine, Bruno qui lui lit des romans policiers et lui fait visionner des films... Un tableau idéalisé du handicap et de la vie en foyer spécialisé ? peut-être un chouïa au début, en effet. Mais au fil du récit, on comprend pourquoi Alexandre a intégré ce centre, on saisit les difficultés face à l'impossibilité de répondre à une libido bien présente, et un drame se dessine.
Un joli roman sensible sur la différence, la dépendance des personnes invalides à l'égard d'autrui, la nécessité d'un personnel soignant aimant, subtil, et le sujet délicat de la sexualité des handicapés paralysés. Cet ouvrage souligne également l'importance de l'amour parental qui donne un bon départ dans la vie, la confiance en l'avenir, même quand tout semble a priori difficile. Quelques rebondissements peuvent dérouter à la fin, mais ne ternissent pas mon enthousiasme sur ce qui précède.
Dans ma tête, Arnaud Roussel, Les Nouveaux Auteurs, août 2010, 213 p.
Sur le handicap et chacun dans des registres très différents : Cahin-caha, Non merci ! et Mémoire en cage.