~ Le Club des Incorrigibles Optimistes, Jean-Michel Guenassia
Immersion dans le Paris des années 1950-60, au milieu de quelques jeunes relativement nantis et d'une poignée d'hommes exilés de l'Est, qui ont pour la plupart quitté femme et enfants pour fuir le communisme, voire la mort. Le récit est centré sur Michel, fils d'un couple mal assorti de commerçants prospères. Guère motivé par ses études, l'adolescent est en revanche passionné de baby-foot, de littérature et de photo, et étonnamment mûr dans ses lectures et ses échanges avec les adultes qu'il côtoie...
Un roman foisonnant : souvenirs d'exilés d'Europe de l'Est, considérations politiques sur le communisme, amitiés et hostilités viriles, guerre d'Algérie, adolescence, jeu d'échecs... Le récit est fluide et plutôt plaisant à lire, mais hélas, le personnage central m'a semblé à la fois stéréotypé et bien falot. Je ne m'y suis guère attachée, pas plus que je ne suis parvenue à cerner sa relation avec Cécile, mi-amicale mi-amoureuse mais curieusement platonique. Tous les personnages féminins sont d'ailleurs à l'image de cette relation : excessifs mais paradoxalement inconsistants, insaisissables, agaçants... Les hommes du Club d'échecs sont en revanche convaincants, émouvants, et leurs anecdotes intéressantes. Il est dommage, d'ailleurs, que la plus poignante de leurs histoires n'apparaisse que dans les cinquante dernières pages, à l'issue d'un long roman relativement léger malgré un contexte riche.
Pour épicer le récit, Sartre, Camus, Kessel font de petites apparitions en guest-stars, cela m'a semblé artificiel et ne m'a en tout cas pas éblouie. Quant aux fréquents passages sur les échecs, ils m'ont bien ennuyée - mais là, c'est une question de centre d'intérêt.
Un avis global plutôt réservé, donc, malgré une lecture plaisante...
: 13/20 - du 15 au 22/01 (une longue lecture sur une semaine, entrecoupée de BD bienvenues)
Le Club des Incorrigibles Optimistes, Jean-Michel Guenassia, Albin Michel, août 2009, 768 p.