~ Un homme est mort, Kris et Etienne Davodeau
Nous sommes allés écouter Etienne Davodeau mardi à la médiathèque voisine. Soirée riche et passionnante, brillamment animée par le libraire Georges Mérel.
Ayant déjà apprécié Rural, Les mauvaises gens, Lulu femme nue, Jeanne de la zone, c'est Un homme est mort que nous avons eu envie de découvrir suite à cette rencontre.
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A Brest, en 1950, la reconstruction de la ville a donné lieu à des manifestations ouvrières de grande ampleur. Débordée, la police a tiré dans la foule et un homme est mort, Edouard Mazé. La "section brestoise du bâtiment" de la CGT a eu l'idée de faire couvrir l'événement par René Vautier, un journaliste interdit de séjour en France après avoir réalisé un reportage sur l'Afrique coloniale. Avec de petits moyens techniques, deux assistants improvisés et surtout une grande sensibilité, le cinéaste R. Vautier a filmé les acteurs du mouvement, les proches du drame.
Krys est parti de cette histoire authentique pour écrire le scénario de cette BD illustrée par Etienne Davodeau. Il en résulte ce magnifique album où l'émotion va crescendo. On y retrouve le talent et la sensibilité du dessinateur au service d'un superbe texte. La postface qui resitue l'événement dans son contexte social et historique est très intéressante. A découvrir !
Petite précision de l'auteur mardi : les couleurs de l'album sont là pour recréer une atmosphère. Dominent donc le rouge (révolte, sang et drapeaux ouvriers), l'ocre (les chantiers, la poussière) et le gris (Brest, la pluie)...
L'avis de Mr :
Davodeau raconte ici l'histoire des manifestations ouvrières à Brest en 1950, pleine période de reconstruction de cette ville, presque entièrement détruite par les bombardements alliés de 1945. La plupart des contestataires présentés sont cégétistes, mais la légitimité de leur action, compte-tenu de leur situation sociale, fait passer au second plan l'engagement politique qui est le leur, à une époque où la guerre froide est déjà installée. La postface de l'historien Pierre Le Goïc explique clairement que ce mouvement social a fédéré une grande partie des classes populaires, bien au-delà de la mouvance communiste. La mort d'Edouard Mazé a contribué à renforcer cette union autour des revendications sociales.
Décidément, c'est bien dans ses oeuvres "reportages" qu'Etienne Davodeau est le plus convaincant et le plus émouvant.
Mon préféré reste Rural, pour sa thématique.
Un homme est mort, Kris et Etienne Davodeau, Gallisol, octobre 2006, 63 p.