~ Mississippi, Hillary Jordan
EVITER LA 4EME DE COUV !!!
Mississippi, fin des années 1940. Malgré les réticences de sa femme Laura, Henry McAllan a abandonné son travail d'ingénieur pour reprendre une exploitation agricole. Dans une minuscule baraque inconfortable, le couple et ses deux filles héberge désormais le "Pappy", odieux bonhomme qui épie et tyrannise son entourage, sa bru Laura en particulier. Une famille noire de métayers, les Jackson, travaille pour les McAllan. Affranchis en principe depuis plusieurs décennies, les Noirs n'en demeurent pas moins au service des Blancs, contraints à de nombreux devoirs, mais démunis en matière de droits et toujours en butte à la haine raciale - le Ku Klux Klan n'est jamais loin...
Tourments d'une femme mal aimée, froideur d'un époux inflexible, exploitation et racisme des Blancs envers les Noirs, traumatismes sur les soldats américains de la seconde guerre mondiale en Europe ... Ce roman est riche, captivant, bouleversant. Certains passages m'ont rappelé La couleur des sentiments, plus percutant à mes yeux, mais cela n'a pas longtemps terni ma lecture. J'ai fini par oublier la référence et je suis tombée sous le charme de cette histoire tragique.
16/20 - du 8 au 12 juin
Mississippi, Hillary Jordan, traduit de l'américain par Michèle Albaret-Maatsch, Belfond, mars 2010, 364 p.
Merci Patricia pour le cadeau et merci Françoise pour l'idée
Extraits :
" "Home again, home again, juiggety-jig", dit la comptine. Moricaud, jus de réglisse, mal blanchi, négro. S'en était allé défendre son pays pour découvrir au r'tour que rien n'avait changé ohé ohé. Les Noirs continuaient à voyager à l'arrière des bus, à emprunter les portes de service, à cueillir le coton des Blancs, à demander pardon aux Blancs. On avait répondu à leur appel, on avait fait leur guerre, mais ils s'en foutaient : pour eux, on continuait à n'être que des nègres. Et les soldats noirs qui étaient morts n'étaient que des nègres morts." (p. 162)
"[Il] ne m'a pas parlé de la guerre. Dans l'ensemble, les hommes qui sont allés au feu se taisent. Ce sont ceux qui ont bénéficié d'une affectation loin derrière les lignes de front qui veulent tout vous raconter et ceux qui n'ont jamais servi qui veulent savoir." (p. 211)
"Il paraît qu'il faut avoir la haine pour être dans l'infanterie, mais ce n'était pas vrai dans l'armée de l'air. On ne voyait jamais le visage de ses ennemis. Si jamais il m'arrivait de penser à eux, j'imaginais des ovales blancs et vides avec des cheveux blonds en brosse - jamais de franges, de boucles ni de tresses, alors que je savais que nos bombes aplatissaient pas mal de femmes et de gamins aussi." (p. 230)
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