4 août 2011
~ Le visage de Sara, Melvin Burgess
Depuis l'adolescence, Sara s'invente des vies, joue des personnages qu'elle incarne à la perfection, allant jusqu'à changer de voix, d'accent. Pour manipuler autrui ? Par schizophrénie ?
Le lecteur découvre peu à peu le parcours qui a conduit cette jeune fille, dès dix-sept ans, à se jeter dans la gueule du loup - en l'occurrence chez une star de la chanson accro à la chirurgie esthétique. Toute ressemblance avec un chanteur décédé en juin 2009 n'est bien sûr nullement fortuite.
Comme dans l'excellent Junk, les éclairages sont donnés par zooms successifs sur les différents protagonistes, ce qui donne parfois ici un effet de redondance pénible. Les points communs avec cet autre roman de l'auteur ne s'arrêtent pas là : une certaine naïveté dans le ton, un jeune homme amoureux/dépendant d'une adolescente qui l'entraîne dans sa chute, un processus d'auto-destruction à plusieurs.
Une lecture plaisante ? non, certainement pas. Les thématiques sont intéressantes : image de soi, identité à l'adolescence, chirurgie esthétique, fascination pour la célébrité... Mais le personnage à multiples facettes de Sara déstabilise totalement, suscitant tour à tour pitié et solide aversion. Le malaise et l'ennui vont crescendo, le lecteur s'enlise dans cette fange, et la fin ne réserve guère de surprises.
Une déception pour ce livre emprunté à la médiathèque, d'un auteur auquel je pensais pouvoir me fier aveuglément.
Le visage de Sara, Melvin Burgess, Gallimard Jeunesse, Scripto, juin 2008, 300 p.
Extraits :
" - Les temps ont changé (...). Toutes les jeunes filles rêvent d'opérations comme celle-ci. De nos jours, elles assimilent ça à l'achat de vêtements neufs. (...) Je n'ai jamais rencontré une seule femme qui aime son corps. Or, de nos jours, pour la première fois, les femmes peuvent avoir ce qu'elles désirent.
- C'est le monde à l'envers, protesta Bernie. S'ils mettaient de vraies femmes dans les magazines et à la télévision, au lieu de corps retouchés, ces femmes comprendraient à quel point elles sont ravissantes sans avoir besoin de se transformer en chair à pâté. " (p. 225)
- C'est le monde à l'envers, protesta Bernie. S'ils mettaient de vraies femmes dans les magazines et à la télévision, au lieu de corps retouchés, ces femmes comprendraient à quel point elles sont ravissantes sans avoir besoin de se transformer en chair à pâté. " (p. 225)
" Pour K, Sara était prisonnière de son propre visage. Son dégoût pour son apparence était si profond qu'elle souffrait d'un permanent sentiment d'aliénation dans son propre corps. Son anorexie en était un aspect, les blessures qu'elle s'infligeait un autre. K déclare qu'elle avait un rapport à l'identité si trouble qu'elle prenait tout comme un jeu. Pour Sara, sa voix, ses manières, et même son apparence ne lui appartenaient pas. " (p. 240)
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