Pauvre Guillaume ! En plein coeur des années 70, alors que la cour de récré bruisse du récit des aventures de Starsky et Hutch, de Tom Sawyer, puis de Dallas, il n'y a pas de télé chez lui. Sa mère s'y oppose, et l'oncle communiste renchérit. Ersatz proposé : la lecture... ça ne prend pas. Mais le cinéma, si. La maman cinéphile emmène Guillaume voir les mêmes films qu'elle, sans restriction. Il les décrypte avec ses yeux d'enfants, apprend à s'en satisfaire, puis, mieux : à aimer.
Nostalgique, ce témoignage ? Oui, mais davantage sur le mode 'mon enfance fut heureuse' que 'c'était mieux avant'. Madeleine de Proust, plein d'humour aux accents de 'Petit Nicolas', ce livre a en plus le mérite de donner envie de (re)voir les grands classiques du cinéma, et de les faire découvrir à ses enfants/ados...
Je pense que ce délicieux petit ouvrage réjouira davantage les adultes nés dans les années 60-70 que les adolescents actuels qui rencontreront peu d'échos sur les émissions et films évoqués.
Sans la télé, Guillaume Guéraud, Editions du Rouergue, septembre 2010, doAdo,101 p.
Extrait :
J'ai huit ans quand je vois Mon oncle d'Amérique. Mais les yeux rouges de ce rat blanc seront encore sous mon crâne quand j'aurai dix, douze, quinze, vingt, trente-sept, cinquante, soixante-quinze ans.
Je reverrai ce rat trembler chaque fois qu'on me fera du mal. Et chaque fois que j'en ferai.
Et je ne remercierai jamais assez ma mère de m'avoir emmené voir ce film incompréhensible pour le petit garçon que j'étais. (p. 23)