En matière de trains de déportation, je "connaissais" ceux qui partaient vers les camps de la mort nazis. J'avoue n'avoir jamais rien vu/lu à ce jour sur ceux des purges staliniennes, qui circulaient à peu près à la même époque (ici, en 1941, soit un an après l'annexion de la Lituanie à l'URSS).
Par le biais du témoignage fictif d'une jeune fille de quinze ans, nous suivons le transport dans des conditions atroces de Lituaniens "opposants" au nouveau régime soviétique (c'est à dire simplement bourgeois ou intellectuels dans la plupart des cas) et de leurs proches. On (re)découvre que le stalinisme a eu une logique d'éradication proche de celle du nazisme. Là encore, des familles ont été séparées, des personnes dépouillées de toute dignité humaine - entassées dans des wagons pour bétail, connaissant la promiscuité, la faim, le froid, la saleté, la terreur. Et au bout : la Sibérie, des heures de travaux éreintants au kolkhoze, rétribuées en maigres portions de nourritures...
Un ouvrage à la fois facile à lire et poignant, pour faire découvrir à nos ados un autre épisode très noir du XXe siècle. Ce récit n'est pas sans rappeler le terrible Journal d'Anne Frank (adolescence, conditions de vie éprouvantes, complicité père-fille, premier amour)... Or, comble de l'ironie, les Lituaniens ont cru un moment voir en Hitler leur sauveur potentiel, lorsqu'ils ont appris la déclaration de guerre entre l'Allemagne et l'Union Soviétique...
Un immense merci à Emmyne pour ce cadeau, destiné à Junior qui le lira bientôt.
15/20 -
23 & 24 fév - couv : trop douce par rapport au contenu - titre : parfaitement adapté - très mal choisi, Harlan Coben pour vanter les mérites du livre en 4e de couv, ça m'aurait plutôt fait reculer : ce livre ne s'inscrit pas du tout dans son registre.
Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre, Ruta Sepetys, Gallimard jeunesse, Scripto, octobre 2011, 432 p.