2e générationCet album est le récit autobiographique d'un auteur-dessinateur belge, dont le père juif, Henri, a passé trois ans à Buchenwald, de 19 à 22 ans. Les grands-parents y sont morts, le rescapé et sa descendance restent profondément marqués, l'ombre du nazisme et des traumatismes subis dans les camps continuent de planer sur la famille. Les souvenirs d'enfance de l'auteur sont présentés de manière plutôt positive, en dépit du poids du passé paternel, mais la marque restera indélébile, différemment vécue à l'âge adulte selon les quatre enfants de Henri.

Le propos rappelle celui du diptyque Maus, de Art Spiegelman - l'auteur y fait d'ailleurs allusion - mais la démarche, la présentation, le ton sont cependant très différents. Malgré la gravité du sujet, cet album est par moments plus léger - tout en restant instructif, choquant et bouleversant. Le texte est souvent poétique et le graphisme est particulièrement fort, émaillé de symboles et de traits d'humour subtils. 

Un témoignage riche, tour à tour poignant et drôle, à faire découvrir dès 13-14 ans.

Pouce levé  16/20 -  Horloge  5 mai

Deuxième génération : Ce que je n'ai pas dit à mon père - Michel Kichka, Dargaud, mars 2012, 104 p.

Extrait :

"Je n'ai jamais vu Papa pleurer. Je n'ai d'ailleurs jamais vu ses yeux, si petits au fond de ses verres épais de myope. Si petits que je serais incapables d'en dire la couleur. A croire qu'ils ont disparu quelque part entre 1942 et 1945. Ou qu'ils se sont tout simplement éteints. Il a dû pleurer toutes les larmes de son corps dans les camps. Il a dû pleurer sa mère, son père et ses soeurs. La source de ses larmes s'est tarie à jamais. C'est pour cela que son médecin lui a prescrit des gouttes pour les yeux."  (p. 44)