~ Réanimation, Cécile Guilbert

Blaise vient de fêter ses cinquante ans lorsque se déclare une "cellulite cervicale", infection rare. Opération chirurgicale, puis coma provoqué pour quelques semaines. Sa femme se rend à son chevet, y trouve une momie couverte de tubes, revient tous les jours, craignant de ne jamais le revoir vivant, s'épanche auprès de la famille et d'amis, etc.

Terrifiant univers hospitalier, maladie d'un proche, douleur de l'absence, réflexions sur la mort, le sommeil, avec pléthore de références littéraires, mythologiques et wharoliennes (l'auteur venant d'écrire un essai sur cet artiste)... Oui c'est touchant, oui c'est beau et admirablement bien écrit - si l'on suppporte le rythme saccadé -, oui c'est poétique, mais... Passé cet émerveillement, j'ai commencé à m'ennuyer, m'engluer, jusqu'à me demander ce que moi, lectrice, je venais faire dans cette histoire de couple, à lire les sentiments exaltés de cette femme.

Il faut préciser que je supporte de moins en moins les auto-fictions/autobiographies sur les drames intimes des écrivains, même si je respecte leur douleur et y compatis.

EXTRAITS :

► Malades ou bien portants, tous les êtres humains maudissent peu ou prou l'hôpital, ce bloc de terreur impassible, mi-baleine mi-requin. La probabilité d'y mourir étant devenue écrasante, sa vocation à soigner et guérir ne suffit plus à rassurer. D'où la hantise générale de ce trou blanc aspirant les masses comme à l'abattoir, antichambre fatale de l'hécatombe où tout s'éteint dans le chiffrage statistique et l'anonymat.  (p. 27)

► Mais au-delà de cette imagerie spontanée, ce que tu perçois dans les mots "bloc opératoire", dans leur blancheur, leur frappé d'efficacité technique et d'asepsie, c'est aussi l'envers dissimulé d'un lieu que tu vois ROUGE... bassines où gicle le sang d'incisions féroces... bouillon de viandes découpées, de ligaments cisaillés, de nerfs sectionnés, de tissus récurés baignant dans les bactéries, le pus... bref, une boucherie où la carcasse de Blaise est dépecée depuis plusieurs heures.  (p. 36)

entre 08 et 12/20 -    05 octobre

Réanimation, Cécile Guilbert, Grasset, août 2012, 272 p.

 
lot 10 et 11/2012 - doc (1/2)

Comments

[Anna Blume]

moi j'ai plongé dans ce livre. Souffle coupé. Apnée totale ! Donc le choix est fait ; de plus j'ai aussi pas mal de réserves sur le Condé....

[Anna Blume]

Perso, j'ai adoré. Totalement touchée et émue. Je cite ton billet sur mon blog histoire de proposer des avis contraires. Au plaisir de te lire.

[SD49]

oups !!!!!

[Garagiste]

Vous n'aimez pas les artisans? Vous n'aimez pas les hôpitaux? Et, vous êtes soupçonneuse.... Drôle et intéressant.

Hélas pour moi, je n'ai pas le talent de Cécile Guilbert (mais merci quand même pour le compliment). Non, je ne dis pas ce l'on "doit" penser. Juste ce que je pense, sans connaitre Cécile Guilbert. Ou plutôt si, puisque j'apprécie ses œuvres et celle la en particulier.... Je souhaite longue vie à votre blog puisque la durée parait être le seul garant de votre qualité.

[Canel]

Ceci dit, votre comm n'est pas une simple "contradiction", il dit ce que l'on DOIT penser, sans réserves.