Einar, sexagénaire, vit dans le Wyoming. Il s'y occupe de sa vache, de son cheval, et surtout d'un vieil ami estropié par la vie. On le sent cependant bien seul, lui qui consacre une partie de son temps à se remémorer des épisodes heureux et douloureux de son existence.
Griff, une fillette de 10 ans, et sa mère Jean vivent dans l'Iowa, dans la caravane de Roy, l'ami de Jean. La fillette n'apprécie pas ce logement, et encore moins ce compagnon de sa mère.
Comme on le pressent d'emblée, les destins de ces personnages vont se croiser, sans que l'on ne devine cependant si ce sera pour le meilleur ou pour le pire...
Le style d'écriture est sobre, presque dépouillé. Ceci est particulièrement agréable dans les dialogues, qui sont toujours concis utilisant des mots très expressifs voire incisifs. L'auteur raconte l'histoire à la troisième personne, mais en alternant les points de vue par la description dans chaque chapitre de ce que l'un ou l'autre de ses personnages ressent ou pense. Cette technique empêche toute monotonie dans le récit, et permet de bien comprendre la psychologie de chacun, en particulier celle de la jeune Griff, tour à tour amusante, insolente (lègèrement) et attendrissante (énormément). La profonde amitié qui se révèle peu à peu entre certains personnages est aussi très bien exprimée, là encore avec une grande économie de mots (ces personnages semblent se connaître tellement bien, et le lecteur avec eux, qu'ils n'ont pas besoin de se parler beaucoup pour se comprendre).
Evitez de lire la 4ème de couverture de cette édition, qui dévoile plus de la moitié de l'intrique - plus de respect pour les lecteurs de la part de l'éditeur aurait été bienvenu !
Merci Canel !
Une vie inachevée, Mark Spragg, traduction de Nicole Hibert, Editions Gallmeister, Totem, 4 octobre 2012, 296 p.