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Canel
7 décembre 2012

~ Goražde (première partie) - Joe Sacco

sacco_1Pendant le conflit bosniaque, les médias occidentaux évoquaient surtout Sarajevo. Mais en 1992, la ville de Goražde était aussi à feu et à sang : les Serbes tentaient d'en chasser les Musulmans (incendiant leurs maisons et les massacrant), alors qu'ils cohabitaient paisiblement jusqu'alors.
 
En 1995, le journaliste-auteur de BD Joe Sacco s'est rendu dans cette ville encore enclavée, où les combats avaient cessé mais dont les habitants ne pouvaient sortir. Hébergé chez des Musulmans, proche d'eux, partageant leur quotidien, Sacco a constaté l'ampleur des dégâts humains et matériels, recueilli des témoignages.
 
Beaucoup de texte dans cet album, dont le graphisme est dense et lourd. Le sujet est de surcroît particulièrement ardu, a fortiori  si l'on n'en connaît pas grand chose/rien. Malgré tout, l'auteur parvient à présenter clairement la situation et les faits, avec quelques chiffres, quelques rappels politico-historiques, et beaucoup de témoignages. Des paroles douloureuses et bouleversantes : beaucoup ont perdu des proches, tués sous leurs yeux... Le terme de "voisins" (parfois même "d'amis") revient souvent dans les paroles des victimes, encore sous le choc d'avoir été trahis par des proches, pour des motifs ethniques et/ou religieux avivés par les pouvoirs en place...
 
Un document dur et instructif sur une population traumatisée, brisée, qui parvient néanmoins à retrouver la vie et l'espoir dans une ville détruite, rêvant de l'Occident - ou a minima de liberté - à travers la présence de ce journaliste américain.
 
L'avis de Mr sur les deux tomes.
 
Horloge  6 & 7/12 - emprunt médiathèque
 
Goražde (première partie) - Joe Sacco, Rackham, 2001, 108 p.
 
EXTRAITS
 
► Dans mon quartier, il y avait des gardes armés, musulmans et serbes, ensemble. Tout était possible. Quelqu'un pouvait venir du dehors, de Visegrad, ou d'une autre partie de la ville et tuer mon voisin serbe. Et l'on penserait que c'était l'oeuvre d'un voisin musulman. 
Ou bien quelqu'un viendrait tuer un Musulman, et les Musulmans penseraient que c'est un voisin serbe qui l'a fait. Il valait mieux patrouiller ensemble dans le quartier toute la nuit. 
(p. 39)
 
► On a écouté la radio... des stations serbes... toujours la propagande : 'on ne peut pas vivre ensemble, il faut tuer tous les Musulmans'... un truc dans ce genre. (p. 69)
 
► [témoignage d'un Musulman] : 
- On a trouvé cinq corps dans trois maisons. On ne voulait pas croire que nos voisins avaient pu faire ça, incendier nos maisons, tuer des gens, les brûler.
- Tu es sûr que c'était vos voisins serbes ?
- Pour la plupart, c'est certain. Ils ont laissé un carnet dans un tas d'ordures, dans un ruisseau au-dessus de chez moi. Toute une liste de noms et de prénoms, et les armes qu'ils portaient. 59 d'entre eux étaient des voisins. Et je les connaissais tous.
(p. 91)
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