avenue_des_geantscoeur_grisLu par Mr :

Al Kenner, sexagénaire, vit en prison. Le récit qu'il fait de son enfance et de sa jeunesse alterne avec celui de ses rencontres périodiques avec une femme qui lui rend visite. Al est très intelligent mais il semble avoir éprouvé pendant toute sa vie des difficultés relationnelles avec les autres, difficultés dont il a conscience, qu'il cherche à comprendre, et qui l'ont visiblement conduit dans cette prison.

Le portrait psychologique de ce personnage hors normes est brillant, à tel point qu'on arrive à le trouver sympathique en dépit de ses actes. L'histoire est loin d'être banale et réserve des surprises d'un bout à l'autre de l'ouvrage, et ce dans un style agréable.

Le livre est ponctué de réflexions intéressantes sur la société américaine des années 1970, marquée par les conséquences de la guerre du Vietnam et par le mouvement hippie (ici présenté manière très négative mais drôle, ce qui atténue un peu la gravité du reste des propos).

Un excellent roman, émouvant et terrible.

Canel aussi chamboulée qu'enthousiaste, ici.

Avenue des Géants, Marc Dugain, Gallimard, Blanche, avril 2012, 368 p.

► Extrait

Vous [les hippies] n'avez rien empêché du tout. Pas même retardé quoi que ce soit. De tout ce que vous avez fait, il ne reste que des tee-shirts grande taille pour nostalgiques en vente sur Haight Ashbury. Qui écoute Joplin, Hendrix, qui lit Burroughs, Ginsberg ? [...] Kerouac, le prétendu inspirateur, c'est quoi Kerouac dites-moi ? Un type qui passe son temps sur la route à se demander s'il est vraiment pédé ou s'il rêve.  (p. 178)