traduit du russe par Michel Davidenkoff
Editions Noir sur Blanc
septembre 1987, 146 p.
Lu par Mr :
Le titre et le sous-titre de ce recueil de nouvelles en résume parfaitement le propos. Le plus souvent le narrateur y raconte quelques mésaventures révélatrices de la vie populaire russe. On y retrouve successivement des indices de pauvreté, d'ivrognerie, d'incompréhension face à des conventions sociales ou politiques contraignantes voire aberrantes.
En préface, le traducteur explique qu'il a dû procéder à une traduction non littérale, d'un vocabulaire souvent familier, voire argotique, afin de ne pas trahir l'esprit de l'auteur. Selon le traducteur, ce style et la caricature sous- jacente du système politique soviétique caractériseraient Mikhaïl Zochtchenko (1895-1958), écrivain russe trop peu connu du public français. Dans son pays, après le rapide succès qu'auront connu ses nouvelles pendant la période de la Nouvelle Economie Politique (1921-1929), son état de santé et la censure politique limiteront sa création littéraire.
J'ai trouvé le style plutôt agréable, adapté à la concision des nouvelles. Si l'on y ressent divers aspects négatifs de la vie des soviétiques dans les années 1920, la critique de la société soviétique et de son organisation restent sous-jacents et porte sur des détails plutôt que sur le système dans son ensemble. Le style et le propos de Zochtchenko étaient sans doute très novateurs pour les soviétiques des années 1920, mais ils n'ont plus grand chose d'original pour un lecteur occidental au XXIe siècle.
Un auteur à découvrir pour ceux qui s'intéressent à cette période de l'Union soviétique.
Un grand merci à Macha pour cette idée de lecture.
EXTRAITS
► Début de la nouvelle "Les charmes de la culture" : "J'ai toujours sympathisé avec les convictions capitales. Donc, même quand on a instauré la NEP à l'époque du communisme de guerre, je n'ai pas protesté. A la NEP comme à la NEP. Ils en savent plus long. Mais par ailleurs quand on a instauré la NEP, mon coeur se serrait désespérément. Je pressentais quelque brusque revirement. Et effetivement du temps du communisme de guerre on était positivement plus libre au niveau de la culture et de la civilisation. Par exemple, on pouvait tranquillement ne pas se déshabiller au théâtre - pas au vestiaire. C'était un progrès."
► Début de la nouvelle "La limonade" : "Moi, bien entendu, je ne bois pas. Quand il m'arrive de boire, des fois, je bois peu - enfin, pour respecter les convenances, ou pour soutenir une joyeuse compagnie. De toute façon il m'est absolument impossible de descendre plus de deux bouteilles en une fois. Ma santé me l'interdit. Une fois, je me rappelle, le jour de mon ex-ange gardien, j'ai consommé un quart."