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Canel
9 mars 2014

~ Bordel, Sophie Bonnet

bordel

Belfond, mars 2014, 212 p.

♥♥♥♥♥

Une journée à l'intérieur d'une maison close en Suisse, pays où la prostitution est légale. L'auteur a observé et écouté une vingtaine de femmes. Elle relate leurs échanges sous forme de dialogues. La présentation évoque celle d'une pièce de théâtre : plusieurs scènes, avec présentation détaillée des personnages en préambule.

Le "Nirvana" (nom fictif) est ouvert 7j/7, 24h/24.

Eux, les clients : ils viennent et choisissent une ou plusieurs femmes dans la salle dite "de présentation". Mieux vaut prendre rendez-vous et commander son menu à l'avance pour être sûr d'être bien servi sans avoir à patienter : toutes les "filles" ne proposent pas l'ensemble des prestations figurant sur la carte de la maison.

Elles, les prostituées : elles ont entre dix-huit et quarante-huit ans. La plupart sont jeunes. La plupart disent avoir été attirées par des reportages TV sur ce genre de "bordel de luxe". La plupart vivent en France, en région parisienne, rentrent chez elles une fois par semaine. La plupart prétendent que leurs proches ne savent rien de leurs activités. La plupart gagnent beaucoup d'argent (environ 15 000 € par mois), mais claquent tout en fringues et accessoires de luxe, chirurgie esthétique, cocaïne... La plupart "travaillent" beaucoup, dorment peu, sont épuisées, carburent au Red Bull.
Elles vivent entre femmes, dans une ambiance propice aux conflits : promiscuité et concurrence, sous la férule d'une tenancière garce, jalouse, vénale, qui divise pour mieux régner.
Quel que soit leur âge, elles semblent immatures, pas très futées. La plupart affirment qu'elles resteront peu de temps, mais rares sont celles qui ont une vision à moyen terme et économisent, par exemple (il est vrai que cet argent est difficilement transférable en France). D'autant qu'elles sont partagées : dégoût de ce qu'elles font, oui, mais argent vite gagné, autant en quelques passes que leurs proches avec un Smic... alors vous comprenez...

Les conversations retranscrites sont globalement creuses, superficielles, et donnent l'impression d'assister à une émission de 'real-TV'. Mais elles rendent bien compte de certaines réalités, cela dit.
N'attendez pas de réflexions sur les aspects économiques, juridiques, sociaux de la prostitution en Suisse. Ni de témoignages de clients, c'est fort dommage.

Même si les "rencontres" avec les clients ne sont pas décrites, cet ouvrage met mal à l'aise.
Surprenant et choquant : on a droit au détail des "prestations" de chacune des filles en préambule des chapitres. C'est lourd, écoeurant. S'il s'agit de souligner le côté sordide de la prostitution, c'est réussi.
Hélas, ça a aussi des allures de banalisation, voire de pub : "Facile, légal, à deux pas de chez vous d'un coup de TGV, ne vous privez pas, messieurs (ou messieurs-dames)".
Ceci, ajouté à la carte des tarifs, donne l'impression glauque de feuilleter un catalogue d'agence de voyage, de consulter la carte d'un restaurant : une petite ***** avec ou sans cello... une bonne vieille ***** avec ou sans cello, etc. 

Horloge  7 et 8 mars

Merci aux éditions Belfond.

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Commentaires
M
je passe mon tour, il ne me plaira pas non plus !
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V
Pas tentée alors.
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J
Je suis en plein dedans (dans le livre, hein, pas au bordel) et je te rejoints sur le coté superficiel et sans intérêt des conversations. En fait il n'y que les quelques pages de présentation et d'analyse proposées par la journaliste que j'ai trouvé intéressantes.
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