~ Schroder, Amity Gaige
Laure et Eric se séparent. Jusqu'ici tout va bien. Enfin disons que c'est leur problème.
Mais tout va mal autour de Meadow, leur fille de six ans, au coeur de la tourmente.
L'éducation de l'enfant est depuis longtemps leur principal sujet de discorde.
Laure a obtenu la garde de Meadow, et les droits de visite d'Eric se réduisent : seulement le week-end, puis un week-end sur deux, puis encore moins. Parce que la mère désapprouve certaines de ses méthodes éducatives ? Il est vrai que l'affaire "renard" à trois ans, heum...
Eric craque, fait une grosse bêtise, s'enlise. On le sait d'emblée puisqu'on apprend dans les premières pages qu'il va être jugé. On connaîtra progressivement les faits via une longue lettre qu'il adresse à son ex-femme.
D'aucuns diront que j'oxymore à mort et sans remords mais tant pis, je le dis :
- ce roman m'a agacée du début à la fin
- je l'ai dévoré
J'ai été agacée par le ton, d'abord. Ce père m'a fait penser aux personnages masculins de Douglas Kennedy. Un type désagréable et pédant, alignant les poncifs et les érigeant en vérités universelles. Les situations et les échanges père-fille m'ont souvent paru bourrés de clichés et enduits de sirop.
Le comportement irresponsable d'Eric rappelle l'inconscience et la folie du père de Roy dans Sukkwan Island. Bien sûr, il a des excuses : ce divorce le détruit, sa fille lui manque et son orgueil en a pris un coup. Je ne prenais pas parti pour la mère, pourtant (sa rigidité est tout aussi insupportable), cela n'explique pas mon antipathie.
Même en pensant au père bouleversant de 'Kramer contre Kramer', pas moyen d'éprouver de l'indulgence pour cet homme qui prend un enfant en otage - enfant censé soulager une souffrance parentale, ceci en huis clos. Je voyais surtout le désarroi croissant d'une petite fille qui subit sans comprendre.
Quoi qu'il en soit, les thématiques du roman sont intéressantes : émigration, identité, mensonge, couple, divorce, éducation, paternité, liens avec les parents à l'âge adulte, reproduction des erreurs familiales. J'ai particulièrement apprécié les échos entre l'enfance d'Eric et ses relations avec sa fille. De même que les réflexions sur le silence, même si elles paraissent parfois plaquées artificiellement au milieu du récit.
Avis très mitigé : lecture facile et prenante, mais agaçante et de plus en plus crispante au fil du récit.
Challenge thrillers et polars de Liliba (2014/2015)