tjs avec toi

ME

Alltid hos dig, 2008
traduit du suédois par Esther Sermage
Actes Sud Editions, Babel, juin 2014, 437 p.

♥♥♥♥

Inga est une photographe d'art reconnue. Voilà deux ans qu'elle a perdu son mari, et elle ne parvient pas à remonter la pente. Elle va mal et sa vie professionnelle en pâtit, la moindre remarque sur son travail suffit à la faire douter de ses talents et à lui laminer le moral. Inga pense pouvoir se changer les idées en se retirant dans une propriété de famille sur l'île de Marstrand. Elle y trouve une vieille lettre qui la conduit sur les traces de sa grand-mère ; Inga découvre peu à peu les destins hors du commun de deux femmes pendant la première guerre mondiale.

Présenté ainsi, le roman semble reprendre deux bons filons actuels : 
1/ le centenaire de la guerre 14-18
2/ les récits polyphoniques avec secrets de famille
Non, et oui mais. Cet ouvrage est paru en Suède en 2008, six ans avant la frénésie commémorative. Et si le récit est en effet centré sur des non-dits familiaux, il ne tombe pas dans la facilité et les clichés. Maria Ernestam parle du deuil, de la famille et de l'amitié avec beaucoup de pertinence et de sensibilité, utilisant avec brio l'alternance narrative pour captiver et émouvoir son lecteur, le faisant passer de 2007 à 1916 à Göteborg, dans un décor à la Dickens. Elle évoque en outre un épisode méconnu et terrible de la première guerre mondiale, la bataille navale du Jutland : le 30 mai 1916, "les flottes allemande et anglaise s'affrontent. Environ deux cent cinquante navires participent à la bataille. Quatorze vaisseaux britanniques et onze vaisseaux allemands sont coulés. Environ huit mille hommes périssent, et de nombreux cadavres échouent sur les côtes suédoises, norvégiennes et danoises où ils sont ensevelis."

J'ai dévoré ce roman émouvant, mais je lui ai trouvé quelques longueurs - je manque souvent de patience avec la littérature nordique. Coup de coeur sans réserves en revanche pour Les Oreilles de Buster de cette auteur.
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 EXTRAITS 
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•  - Tu as déja dansé ? 
Je marmonnai que c'était interdit aux baptistes. Il secoua la tête.
- L'homme danse depuis la nuit des temps. Ne laisse personne te convaincre que ce qui rend heureux est un péché.
(p. 59)
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• Il jugeait peut-être avoir dépassé les bornes en embrassant une femme qui pleurait encore son mari [décédé], alors que, par dessus le marché, il avait une petite amie. [...]
Elle aurait voulu lui dire que le deuil n'excluait pas le désir de chaleur humaine. Qu'il ne fallait pas avoir mauvaise conscience. Rien de plus.
(p. 231)
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Horloge 22 au 26/12 

- challenge Voisines Voisins chez Claire (Suède) -

challenge voisins-voisines