~ Derrière la porte, Sarah Waters
The Paying Guests, Virago Press, 2014
traduit de l'anglais par Alain Defossé
Denoël, 17 avril 2015, 700 p.
♥♥♥♠♠
1922, Frances Wray a vingt-six ans. Depuis le décès de ses deux frères au combat et celui de son père, elle vit seule avec sa mère dans leur grande maison d'une banlieue calme de Londres. Les excès paternels ont ruiné la famille, il devient difficile d'entretenir cette demeure qui commence à se délabrer. Frances et sa mère sont contraintes de louer une partie de leur logement à un jeune couple de classe moyenne, Lilian et Leonard Barber, tout en continuant à vivre dans les pièces voisines. La promiscuité s'annonce délicate (à la fois gênante et troublante), les Barber sont bruyants, un brin frustes et vulgaires. Mais Frances et Lilian deviennent amies, confidentes, et, on s'en doute si on connaît les romans de Sarah Waters... * spoil amantes. *
Peinture réaliste et intéressante des années 20 à Londres, des difficultés de l'après-guerre pour des petits bourgeois désargentés. Une ambiance so british qui m'a rappelé les autres romans de Sarah Waters, bien sûr, mais aussi Prodigieuses Créatures de Tracy Chevalier - l'époque a beau être différente, la condition des jeunes femmes de ce milieu social n'est guère différente un siècle plus tard.
L'univers est très sensuel, l'auteur a fait ses preuves en la matière avec ses autres romans lesbiens, les scènes joliment érotiques émeuvent assurément les convertis de tous bords. Les expressions des sentiments amoureux, en revanche, m'ont parfois surprise et agacée, je les aurais certainement trouvées ridicules dans une histoire d'amour hétéro : "[...] et une vague d'émotions mêlées la submergea, un frisson de tout son corps - était-ce là l'amour ? Ma foi, si ce n'était pas l'amour, cela y ressemblait beaucoup. Mais si c'était l'amour... oh, si c'était l'amour... !" (p. 289)
L'intrigue est très lente, elle se déploie sur sept cents pages, sans le rythme et les rebondissements présents dans l'excellent roman de l'auteur Du bout du doigts. M'engluant dans l'ennui, j'ai cédé à la curiosité au tiers de l'ouvrage et jeté un oeil sur la quatrième de couverture. Sous la présentation de l'éditeur, ce petit commentaire commercial publié dans Entertainment Weekly : * spoil "Une liaison amoureuse, un meurtre crapuleux et un dénouement à couper le souffle..." * Je regrette de l'avoir lu avant d'avoir terminé le livre parce qu'il m'a semblé qu'il spoilait. Mais une fois la lecture achevée je suis encore plus furax, je me dis qu'il ne s'applique pas à cet ouvrage de Sarah Waters mais à Du bout des doigts.
Frustration, déception. Comme l'impression d'avoir été trompée sur la marchandise et d'avoir attendu des surprises qui ne sont pas venues.
12 au 15 juillet
3 challenges pour un (gros) bouquin : pavé de l'été chez Brize (1e) - Voisines-Voisins chez Claire - thrillers & polars chez Sharon (3e) -