Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Canel
14 août 2015

~ La petite barbare, Astrid Manfredi

la petite barbare

AM

Belfond, 13 août 2015, 160 p.

♥♥♥

"La petite barbare" était la fille d'un gang, celle qui rabattait les proies. Elle a commencé à sucer des garçons du collège à treize ans pour le compte d'Esba, "son ami", un "prince noir", doux avec elle mais dont l'autorité ne se contestait pas. Le gang s'est agrandi, deux autres types les ont rejoints, ils ont ramassé beaucoup de fric, vendant de la came et dépouillant ceux qui se laissaient séduire par la fille. Ils menaient grand train - grosse voiture allemande, fête, poudre, champ', les Champs et ses boutiques de luxe. Leur jeu est allé trop loin, jusqu'au meurtre.
Ils avaient la haine dans leur cité, témoins de la vie étriquée de parents au chômage et/ou exploités et/ou alcooliques, pas envie de suivre leur trace vers le néant. Ça résume tout, ça explique beaucoup, même si ça n'excuse rien.

Aujourd'hui, "la petite barbare" est en prison. Elles sont solidaires entre détenues. Elle lit beaucoup, elle écrit, elle rêve d'un amant indochinois comme celui de Marguerite (Duras), d'une robe blanche de jeune fille qu'il lui enlèverait délicatement, de douceur, d'amour - elle n'a encore rien connu de tel avec les hommes...

Elle m'a longtemps agacée, cette jeune femme avec sa "déferlante de haine en apnée", même si son rejet de tout (hommes, société, vie modeste) me semblait légitime eu égard à son environnement social. J'ai aimé la voir s'assagir et s'adoucir au contact de quelques "gens bien", prendre conscience à l'approche de sa sortie de prison qu'il lui appartenait de ne pas se résigner à la médiocrité. A elle de faire le mieux possible dans un monde pourri, sans pour autant entrer dans le moule qu'elle abhorre : "La vie des gens est toujours ce même enchaînement de maisons en kit, d'enfants mal élevés et de fins de mois difficiles. [...] Comment font-ils pour continuer ? Où vont-ils chercher la ressource pour se lever chaque matin, débiter les mêmes conneries et recommencer le jour d'après ?"

Astrid Manfredi exprime très bien cette hargne avec un style percutant, des phrases choc, parfois à double sens en jouant avec les mots, sur lesquelles on revient. Le récit est vif, entre les souvenirs de la jeune femme et sa vie en prison. Un seul regret : ma lecture a été parasitée par d'autres récentes sur ces thèmes de la colère des "enfants des cités", du rejet de la société, des gangs, de l'univers carcéral : quelques romans de Virginie Despentes, Meurtres pour Rédemption de Karine Giebel, Tout, tout de suite de Morgan Sportes...

J'aime beaucoup la couverture sur laquelle je vois tantôt un visage, tantôt deux traces de mains sanglantes qui auraient glissé le long d'un mur (enfermement) ou d'une vitre (regard vers l'extérieur, vers l'avenir)...

agenda 13 août 2015

Merci aux éditions Belfond.

Le blog d'Astrid Manfredi : Laisse Parler Les Filles.

- rentrée littéraire automne 2015 -

Publicité
Publicité
Commentaires
J
Pourquoi cela, Violette ?
Répondre
V
les avis me semblent positifs mais j'ai entendu la nana causer et ça m'a refroidie...
Répondre
M
Je n'avais pas vu le visage du premier coup d'oeil la couverture est chouette mais je passerai mon tour
Répondre
N
Je l'ai lu d'une traite, il y a une vraie force dans ce premier roman, une voix difficile à oublier...
Répondre
L
Troisième avis positif, bon, je vais finir par être TRES convaincue ;) Bon weekend :-)
Répondre
Newsletter
Publicité
Canel
Canel
Derniers commentaires
Archives
Visiteurs
Depuis la création 923 027
Publicité