Undantekningin, 2012
traduit de l'islandais par Catherine Eyjólfsson
Zulma, 3 avril 2014, 338 p.
♥♥♥♥♠
María tombe de très haut quand Flóki, son mari depuis onze ans, lui annonce à ce moment-là qu'il part le soir même pour aller vivre avec son collègue et associé, la laissant seule avec leurs jumeaux de deux ans et demi. Ils s'entendaient bien, Flóki était tendre et doux avec elle, María n'a rien vu venir... Les jours suivants, elle continue à mettre un pied devant l'autre et à s'occuper de ses enfants, elle ne s'énerve pas quand Flóki débarque à l'improviste pour récupérer des affaires, sans sonner, ouvrant avec sa clef, lui répondant froidement que non, il ne reviendra pas. Elle souffre sans lui faire de reproches, ne cesse d'espérer le retour de celui qu'elle appelle encore "son mari" (ni "ce connard", ni "ce salaud", par exemple). Elle s'interroge, échange beaucoup avec sa voisine, trouve un soutien précieux chez cette petite femme haute en couleur (naine, psy, conseillère conjugale et nègre littéraire de romans policiers) : est-ce différent lorsque votre compagnon vous quitte pour un autre homme ? La question n'est plus tout à fait la même : il n'est pas parti à cause de moi, mais parce qu'il change d'orientation sexuelle - ou, en l'occurrence, il choisit de vivre pleinement et ouvertement son homosexualité, ne se satisfaisant plus d'aventures clandestines "dans le dos" de son épouse.
On tourne avec María autour de ces questions. Elle ressasse aussi les souvenirs de sa vie de couple, certains prennent une autre signification maintenant qu'elle "sait". Il ne se passe pas grand chose dans cette intrigue, j'ai craint de m'y ennuyer. Et non. Même plaisir de lecture qu'avec L'embellie, grâce à la délicieuse plume de l'auteur, sa sensibilité, son talent pour décrire des petits riens (des postures ou des mots d'enfants anodins, par exemple), parler avec finesse de sujets qui touchent, camper des personnages sympathiques, et même nous faire sourire alors que le sujet ne semble pas s'y prêter. Il y a des points communs entre les trois romans de l'auteur : l'Islande bien sûr et "l'âme des insulaires" (que l'auteur revendique), la parentalité, le couple, le voyage comme parcours initiatique lorsqu'une vie est à reconstruire...
Beau et émouvant.
J'avais moins apprécié Rosa Candida, plus "naïf". Coup de coeur en revanche pour L'embellie.
30 août au 2 septembre
Merci Valérie !