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Canel
20 septembre 2015

~ Ressources inhumaines, Frédéric Viguier

ressourcesinhumaines

Albin Michel, 19 août 2015, 288 p.

♥♥♥♠♠

Vous connaissez le Bel-Ami de Maupassant ? Histoire de l'ascension sociale et professionnelle fulgurante de Georges Duroy dans les milieux de la presse et de la politique, via les femmes, à la fin du XIXe siècle. 
Même chose ici, transposée au début du XXIe siècle : parcours d’une jeune stagiaire de vingt-deux ans dans l'univers impitoyable de la grande distribution. Sans diplôme, elle brûle les étapes et se retrouve très vite « chef du secteur textile ». Poste prestigieux dans un hypermarché qui emploie 650 personnes. Drôle de femme qui se décrit comme « une poche plate et sans relief, parce que vide » qui se sent enfin exister en grimpant dans la hiérarchie, prête à se laisser grimper dessus par le premier venu occupant un poste stratégique, quitte à écraser du monde sur son passage et à affronter l’hostilité des collègues qu’elle a trahis, suscitant à la fois l'admiration et le mépris de ses supérieurs, car personne n’est dupe de ses manoeuvres.

On sait que les conditions de travail dans la grande distribution sont très difficiles : horaires de dingues, pression, compétition entre salariés (donc délation, manipulation, coups bas pour sauver sa peau)… Je n’ai jamais remis en cause les situations décrites par l’auteur dans ce récit, « l’inhumanité » des relations entre ces salariés. Par contre, j’ai eu beaucoup de mal à croire au personnage de cette jeune femme glaçon, sans états d’âme, même pas perverse, à la fois fragile, pas très futée, et tellement douée pour tout piger et tirer les ficelles en ayant plusieurs « coups » d’avance. Est-ce une image de ce qui se passe dans cet univers ou bien le lecteur est-il censé trouver ce personnage crédible ? Je n’ai pas réussi, donc zéro empathie, donc distance… 
L’intrigue m’a parfois semblé confuse, je me perdais dans les stratégies commerciales entre centrale d’achat et fournisseurs indépendants, faute de connaître ce milieu, sans doute. On peut s'enliser dans ce récit très répétitif et étouffant – « rayon textile », « secteur textile » apparaissent de manière lancinante - à l’image d’une vie professionnelle aussi aliénante, sans aucun doute, dont on ne s’extrait même pas en rentrant chez soi le soir et le week-end. 
J’ai espéré un nouvel élan avec la seconde partie, à mi-parcours, je m’y suis encore plus ennuyée, étant de plus en plus agacée par les comportements de cette femme blindée et lisse qui ne lâche jamais prise.

Avis mitigé, ma réticence portant essentiellement sur le personnage central que je n'ai pas "senti" - il est souvent fait référence à l'odeur de l'autre dans ce roman.

agenda 16 au 19 septembre

Merci aux éditions Albin Michel.

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Commentaires
C
Qui que vous soyez, vous évoquez enfin le problème que je soulève : le portrait de cette femme. Toujours avec des citations, et pas vos mots, mais bon... <br /> <br /> Laissez-moi avec mes sensations, merci. Un livre est perçu différemment selon les lecteurs et la presse n'a pas à nous dicter nos sentiments. C'est précisément pour cela que je ne lis que les avis sur des blogs et des sites de lecteurs, j'évite le prêt-à-penser de la presse. Je m'y retrouve mieux en lisant des critiques de gens comme moi, plus indépendants et plus sincères que des "professionnels". <br /> <br /> Par exemple, je trouve cocasse ici qu'un auteur ou un de ses proches cite des éloges du Figaro ou de Marie-Claire sur un roman que je voyais a priori comme 'social'.
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L
Je ne suis pas l'auteure de ce livre, mais j'ai eu la chance de jouer une pièce de théâtre écrite par ce monsieur. Si vous ne lisez ni Marie-Claire et ni le Figaro, peut-être lisez-vous le Monde...<br /> <br /> " Ressources inhumaines dépeint le quotidien impitoyable et médiocre d’une entreprise et pointe la violence que peuvent contenir les techniques de management, en particulier dans le microcosme de la grande distribution. Mais le premier roman de Frédéric Viguier tire sa véritable originalité du portrait de femme qu’il brosse. C’est bien là le plus terrible, sans doute,dans ce roman : si soucieuse de maîtriser sa vie soit-elle, si volontaire sa soumission à la violence du système paraisse-t-elle, sa trajectoire ne pourra se conclure que dans le « rien ».
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C
Merci, Lola, pour cette revue de presse. D'autant que je trouve que Marie-Claire est une revue de référence, et le Figaro est bien connu pour ses idées humanistes, toujours prompt à se soucier du bien être des "petites gens", c'est pour cela que je ne lis aucun des deux et ne risquais pas de voir ces éloges. Mais vous, Lola, au fait, que pensez-vous de ce livre, si vous l'avez lu (et si vous n'en êtes pas l'auteur) ?
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L
" Le supermarché est le véritable héros de ce roman. Un bel exemple d’écosystème où les pires aspects de l’âme humaine se révèlent sous la pression… La souffrance brute, implacable de ces repaires de dictateurs en herbe. » Marie Claire
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C
A bientôt sur Babelio pour ton avis, alors ! ;-)<br /> <br /> Tiens, puisque tu passes par là, je t'informe que le challenge thrillers-polars a déménagé : depuis juillet, c'est Sharon qui récapitule nos lectures...
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