- Guerre ?
« L'émotion et la dignité »
source : L'actu en patates, Martin Vidberg
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source : Strips Journal (Simon)
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« Sur les réseaux sociaux, certains s'étonnent du manque d'émotion internationale après le double attentat qui a fait 44 morts à Beyrouth la veille des attentats de Paris.
44 morts, plus de 200 blessés. Le 12 novembre, Beyrouth était frappé par le pire attentat depuis la fin de la guerre civile. Deux kamikazes se font fait exploser dans un quartier chiite, fief du Hezbollah, au nom de l'organisation Etat islamique. Un premier pour créer un attroupement, le second pour faire le plus grand nombre de victimes possibles. Deuil national. Personne pourtant pour parler "d'une attaque contre toute l'humanité et nos valeurs universelles", comme l'a fait Barack Obama au sujet des attentats de Paris, citant même la devise de la République française : Liberté, Egalité, Fraternité.
"Paris semble proche de chez soi".
Pourquoi cette différence de traitement ? Sur Facebook, certains estiment qu'il s'agit d'indignation sélective. Pour ce directeur d'une ONG à Amsterdam, "Paris semble proche de chez soi pour beaucoup de gens, alors que Beyrouth fait penser à une cité étrangère où rien de bon ne peut arriver". Lui-même explique qu'il se sent involontairement plus touché par les attentats de Paris, où il n'a jamais mis les pieds, que par ceux de Beyrouth, où il séjourne régulièrement.
"Ils sont où, les &PrayForBeyrouth", se demande cette jeune femme, alors que le hashtag &PrayForParis s'est rapidement répandu sur Twitter après le 13 novembre. »
source : L'Express
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« Comment 6 millions de morts peuvent ils être placés sous silence médiatique ?
Sur les cendres du génocide rwandais, la seconde guerre du Congo éclate en 1998 dans la région des grands lacs à l'Est du Congo. 9 pays Africains sont impliqués. l’Angola, le Zimbabwe, la Namibie au sud, le Rwanda l’Ouganda, le Burundi, le Congo, le Tchad, le Soudan au nord. Une trentaine de milices locales sévit sur le terrain.
Cette guerre du Congo est marquée par les séquelles du génocide rwandais, la faiblesse de l’Etat Congolais, la vitalité militaire du nouveau Rwanda, la surpopulation de la région des grands lacs, la perméabilité des vieilles frontières coloniales, l’accentuation des tensions ethniques due à la pauvreté, la présence de richesses naturelles, la militarisation de l’économie informelle, la demande mondiale de matières premières minérales, la demande locale d’armes et l’impuissance des Nations Unies.
Réfugiés Kivu © - 2014 / CTC
Le bilan est lourd : 6 millions de morts, près de 4 millions de déplacés, des camps de réfugiés saturés et des centaines de milliers de personnes appauvries.
Les populations ne meurent pas sous le coup de mortiers. Elles meurent majoritairement de maladies, et de famine. Les armes de guerre sont le viol et la destruction du tissu social.
Pour l'exploitation du coltan, on épuise les populations locales, on les appauvrit, on les viole, on les incite à partir. On détruit les infrastructures sanitaires et la moindre pathologie devient mortelle.
Le coltan est un gravier noir dans la boue au poids économique très lourd. 80% des réserves mondiales sont ici. Le coltan contient du tantale et toute la planète en veut. Il s'agit d'un élement chimique adaptés au superalliage dans l’industrie de l’aérospatiale et aux condensateurs dans le domaine de l’électronique. Indispensable pour la construction de tablettes et smartphones.
La ruée vers le coltan est menée par les grandes multinationales lointaines, les mafieux, les dictateurs des pays voisins.
Les agriculteurs des deux Kivu se retrouvent persécutés, chassés. La militarisation de l’économie engendre la commercialisation de la violence. Des milices proposent leurs services pour terroriser, torturer, violer. La haine ethnique est érigé en vitrine pour justifier les agissements, mais ce n'est qu'un drapeau. La réalité est tout autre. La violence sert ici la concurrence commerciale.
Et l'historien David Van Reybrouck dans un opus remarquable consacré au sujet "Congo" chez Actes Sud, décrit les mécanismes de la région et s'étonne que les 6 millions de morts ne soulèvent aucune couverture médiatique et ne provoquent une indignation populaire : "Elle a disparu de l’actualité mondiale car passait pour inexplicable et confuse. Pour couvrir les guerres, le journalisme a recours à un cadre de référence morale. Dans cette guerre du Congo, il n’y a pas un camp de gentils."
Et quand régulièrement un reportage vient décrypter cette guerre, il reste sans écho. Aucune réaction de l'opinion, silence de la communauté internationale.
Tout le monde s'en fout et s'en accomode. »
source : France Inter (merci B.)