Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Canel
13 janvier 2016

~ Mon vieux, Thierry Jonquet

mon vieux

TJ

Editions du Seuil, avril 2004
Points, 388 p.

♥♥♥♠♠

Eté 2003, canicule en Europe, plusieurs pics de grosse chaleur entre entre juin et août.
Quelques chiffres : à Paris, la température a dépassé les 39°C, avec 9 jours de températures supérieures à 35°C. Selon une étude de l'Inserm publiée le 25 septembre, 14 802 décès ont été enregistrés en France entre le 1e et le 20 août (essentiellement de personnes âgées ou fragilisées), soit une surmortalité de 55 %.
Cette année-là, le Smic est à 893 euros, le RMI à 405. Une chambre dans un 'mouroir' (hôpital public sinistre) pour une personne atteinte d'Alzheimer : 1 750 euros mensuels aux frais des proches - débrouillez-vous pour débourser une telle somme.  « On hypothèque une baraque, un appart' qu'on a mis des années et des années à acheter, pour lequel on s'est endetté, on renonce aux études trop onéreuses d'un gamin, je sais pas, moi... Et tout ça pour tenir à bout de bras un vieillard qui n'en finit plus de souffrir et dont la tête est devenue vide. » 

Ce roman s'inscrit dans ce contexte étouffant, au carrefour Belleville, dans l'Est de Paris. Jonquet y met en scène trois univers qui se croisent et s'entrecroisent.
Histoire de SDF tombés très bas. Une meute de loups efflanqués avec son individu alpha, Nanard, protecteur mais profiteur, une âme de négrier et de proxénète. Les esprits sont anesthésiés par la piquette et la bière, ça vaut mieux pour tous.
Histoire d'un quinqua jusqu'alors plutôt à l'aise financièrement, mais qui cumule les guignes depuis trois ans, autour duquel l'étau se resserre suite à une nouvelle tuile.
Entre ces deux univers, histoire de Daniel, pas encore du côté de ceux qui ont tout perdu et qui survivent dans la rue, plus tout à fait 'intégré' à la société, mais sur le fil. 

Nous sommes chez Jonquet, alors l'intrigue est sombre et la peinture sociale crue, sans fards. Sinistre monde que celui de la rue (violence, saleté, faim, soif) où les chances de retour en arrière semblent inexistantes.
J'ai souvent pensé à Virginie Despentes au cours de cette lecture, et à son Vernon en particulier. Ces deux auteurs possèdent un sens de l'observation acéré, qui leur permet de décrire de manière pertinente et cynique une société en crise, et le sort d'individus malmenés par le 'destin'. Malgré des styles d'écriture différents, les portraits de leurs personnages se ressemblent (mise à nu de leurs pensées les moins avouables, leurs sentiments, leurs échanges).

Cette histoire m'a plombée et m'a paru interminable, bien qu'elle ne soit en fait pas plus tragique que celle de Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte (roman que j'ai beaucoup apprécié). Sentiment d'oppression exacerbé par la chaleur de cette canicule - qui laisse imaginer les odeurs de la rue, des corps négligés, de l'inconfort dans des hôpitaux sordides... J'avais hâte de m'en extraire, même si les idées, les propos et la plume de Thierry Jonquet me séduisent toujours autant.

agenda 5 au 12 janv.

•  photo en haut à droite de l'article : Olivier Roller (Thierry JONQUET - Dans son garage à Paris - 2002/03)

- challenge thrillers & polars chez Sharon -

challenge thrillers polars sharon

Publicité
Publicité
Commentaires
M
Ouh la je l'ai lu il y a longtemps celui-ci, et je me souviens avoir bien aimé. Mais il fait sans doute partie de ces livres qui doivent arriver à un moment où on est prêt à s'y lancer. Ce n'était peut-être pas le cas?
Répondre
M
Je suis en train de lire "baise moi " de Virginie Despentes, ton post m'y fait penser aussi.
Répondre
Newsletter
Publicité
Canel
Canel
Derniers commentaires
Archives
Visiteurs
Depuis la création 922 773
Publicité