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Canel
24 février 2016

~ Big Brother, Lionel Shriver

big brother

LS

Big Brother, 2013
traduit de l'américain par Laurence Richard
Belfond, 2014
J'ai Lu, 13 janvier 2016, 446 p.

♥♥♥♥

Pandora n'a pas vu son frère aîné depuis quatre ans. Pianiste de jazz à New York, Edison semble traverser une mauvaise passe, après avoir « côtoyé de grosses pointures ». Pandora accepte de l'héberger dans l'Iowa, malgré la réticence de son mari et des enfants adolescents de celui-ci. La surprise est de taille lorsqu'elle le retrouve à l'aéroport : il est passé de 75 à 175 kgs. La cohabitation s'avère vite difficile. Edison est bouffeur compulsif, pas très propre ni soigné ; il se comporte comme un gamin mal élevé, insupportable, irrespectueux envers son beau-frère.

« Voilà un livre qui pèse son poids » estime Delphine Peras (l'Express, 08/2014). Certes, et dans tous les sens du terme : 450 pages bien denses, où chaque mot semble à la fois minutieusement pesé et lourd de sens, où les idées et reparties sont aussi savoureuse que la lecture indigeste.
Il est question de nourriture, de poids, d'image de soi, d'ambition personnelle, de comportement alimentaire, d'addiction. Mais aussi de famille (et de son poids, là encore), de rivalités fraternelles motivantes et/ou destructrices. Lionel Shriver s'appesantit sur tous ces sujets, les décortique, les épluche jusqu'à la moelle, notamment grâce à des échanges très riches entre ses protagonistes - souvent mesurés (frère-soeur), parfois violents (beaux-frères).

Cette lecture est moins éprouvante qu'un des précédents romans de l'auteur Il faut qu'on parle de Kevin (sur les adolescents tueurs). Elle n'en est pas moins particulièrement dérangeante sur l'image qu'elle donne du couple, de la famille, des relations au sein d'une fratrie. Et parce qu'on tourne sans cesse et de plus en plus autour de la question plus générale (et vertigineuse) du dépassement de soi et des comportements addictifs : « Je me demandais pourquoi tant de personnes s'astreignaient à accomplir quoi que ce soit, alors que le moindre accomplissement s'accompagnait immanquablement de ce triste bilan : 'Bien, et maintenant ?' » - « Qui sait, peut-être nous est-il impossible de vivre pleinement nos réussites, car nous nous attachons à la quête, à la pulsion, à sa décharge addictive d'amphétamines et à ce sentiment puissant d'avoir un but ? L'accomplissement s'apparente alors à une perte [...] » - « Même si les manques nous rongent, la satiété est pire encore. » 

La pirouette finale m'a d'abord fortement déplu. Elle offre finalement un recul intéressant et une dimension supplémentaire. - des réflexions sur ** le remords et les limites de ce que l'on peut faire pour aider autrui. **

Big Brother, un grand et gros roman - à la fois génial, long et indigeste.

agenda 21 au 23 février

 >  EXTRAIT

- Tu boulottes la nourriture comme si tu avais peur que quelqu'un vienne te la piquer, ai-je expliqué. Quelqu'un dans ton genre, en fait. C'est comme si tu mangeais en cachette de toi-même. [...] A mon avis, si tu manges autant, c'est parce que tu n'apprécies pas la nourriture, et non parce que c'est si bon que tu n'arrives pas à t'arrêter. Tu demandes à la nourriture de te donner quelque chose qui n'est pas en son pouvoir, et du coup, la quantité que tu ingurgites est potentiellement infinie. C'est comme si tu ouvrais le robinet de l'évier pour remplir la baignoire. Tu auras beau l'ouvrir en grand, tu n'arriveras jamais à remplir la baignoire.
(p. 245)

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Commentaires
E
un des livres que je viens de rajouter à ma pal (hier) !
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M
UN beau souvenir de "il faut qu'on parle de Kevin" je note celui là qui devrait me plaire aussi
Répondre
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