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Canel
19 août 2016

~ L'autre qu'on adorait, Catherine Cusset

l'autre qu'onGallimard, 18 août 2016, 304 p.

Ce récit est un hommage à un ami récemment décédé - il s'est suicidé.
La narratrice, une certaine Catherine universitaire et auteur, raconte la courte vie de Thomas en s'adressant à lui à la deuxième personne du singulier.
Le portrait du défunt est accablant : Thomas apparaît comme égocentrique, de mauvaise foi, immature, manipulateur, s'étonnant des trahisons d'amis et de femmes qu'il ne respecte guère pourtant.

Comme dans la plupart de ses ouvrages, Catherine Cusset donne dans l'autofiction, et joue avec les mises en abyme.
Lorsque la narratrice fait lire à Thomas un passage de son manuscrit retraçant sa vie, il est furieux, vexé : « Un texte qui n'est pas seulement blessant, mais mauvais. »
Réaction de Catherine : « Tu es partial, soit, puisqu'il s'agit de toi, mais tu n'as aucun doute. Tu te rappelles la phrase de Proust dans une lettre à son ami Halévy : 'C'est à la cime du particulier qu'éclot l'universel.' Mon livre n'atteint aucune cime ; il ne t'atteint même pas en profondeur. Il reste au ras des pâquerettes. J'ai transformé ta vie en un fil chronologique dont j'ai ôté toute substance pour la juger à l'aune du succès en suivant des critères purement sociaux. » (p. 175)
Verdict lucide !
« blessant, mauvais... ras des pâquerettes, fil chronologique [sans substance] ». Je n'aurais pas osé, mais puisque l'auteur le dit... Ce passage m'a fait un bien fou, résumant parfaitement ce que je pensais du portrait de Thomas dressé par « une de ses meilleures amies » (sic).

Le récit tourne en rond, à l'instar de la vie de cet homme qui cumule les échecs professionnels et sentimentaux. On étouffe avec Thomas dans un milieu universitaire étriqué, où la culture gonfle l'ego mais ne semble pas être la bonne clef pour s'ouvrir aux autres - monde de requins où l'on arrive à se persuader que ce sont les plus médiocres qui réussissent, et à se consoler ainsi de stagner.
Pas d'éclaircie dans cette histoire sombre, mais un éclairage, lorsque Thomas apprend de quoi il souffre. On s'en doutait, mais j'ai trouvé ces pages particulièrement poignantes ; elles m'ont convaincue que j'avais bien fait de poursuivre cet ouvrage que je trouvais jusqu'alors sans intérêt, ennuyeux, mal fichu (je me suis parfois perdue entre le 'je' et le 'tu', alors que je ne suis pas particulièrement rétive à ce procédé narratif).
J'ai lu à peu près tous les romans de cette auteur, mon préféré reste Un brillant avenir. Je n'ai aimé ni Confessions d'une radine ni Jouir.

# playlist : 'Avec le temps' (Leo Ferré), 'Suzanne' (Leonard Cohen), Nina Simone...
~ bibliographie : Marcel Proust, Serge Doubrovsky...

agenda 4 au 7 août

• Merci à Babelio et aux éditions Gallimard (rentrée littéraire 2016).

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Commentaires
M
je viens de le finir j'ai bien aimé. Même si comme toi j'ai eu l'impression de tourner en rond, lorsqu'on est sur de la maladie de Thomas on a l'impression de mieux ressentir ce qu'il vit.
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C
PS, Valérie : je crois que depuis l'expérience 'ELLE', je manque de patience avec les autofictions. Surtout qd j'en ai déjà lu qqs unes d'un(e) même auteur (Ernaux, Cusset, JP Blondel...) et que j'ai l'impression qu'il/elle manque d'inspiration et nous ressert tjs la même sauce... :?
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V
J'aime cette femme mais je n'ai vraiment aimé que l'un de ses romans. Et il me semblait bien que les premiers avis sur celui-ci n'auguraient rien de bon. Je vois plein de billets Babelio, aurais-je raté une opération Masse critique (c'est en septembre d'habitude, non?).
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Z
Peut-être le lirai-je
Répondre
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