~ La Belle de Fontenay, Jean-Bernard Pouy
Gallimard, Série Noire, 26 mai 1992, 236 p.
Certains écoutent leur horoscope le matin pour savoir comment affronter la journée. Enric Jovillar, lui, lit les maximes des six gaufrettes qu'il avale avec son bol de café. Il faut dire que l'écrit a une importance particulière pour lui, qui est devenu sourd à huit ans.
Notre homme a de quoi être déboussolé depuis qu'un lycéenne a été retrouvée morte dans le réservoir d'eau de son petit jardin ouvrier.
« Retraité espagnol, célibataire et sourd-muet [...] trois bonnes raisons pour faire [de lui] un sadique de base assoiffé de sang de jeune vierge. »
Un peu vieux mais pas ramollo du ciboulot ni des biscotos, lui l'anar' qui a survécu à la guerre d'Espagne et à mai 68 !
Sourd-muet, peut-être, mais pas aveugle !
Puisque les cognes ne sont pas fichus de résoudre cette affaire, Jovillar décide de mener l'enquête à sa manière, en hommage à cette jeune fille qui venait souvent bouquiner dans son jardinet et lui prêtait des livres...
Après trois abandons consécutifs de romans, j'ai retrouvé le plaisir de lire grâce à ce petit polar. C'est le quatrième ouvrage de Jean-Bernard Pouy que je découvre, et même si j'oublie assez vite ses intrigues, je me régale toujours à la lecture. L'intérêt ne réside ni dans le suspense ni dans les rebondissements, il y en a peu, mais dans l'originalité, l'humour, les détails, les personnages, leur franc-parler, leurs relations. Notre Jovillar a beau être muet, ses échanges (par écrit) avec les autres ne manquent pas de piquant !
Proche d'auteurs comme Pennac et Jonquet, Pouy est très doué pour les coups de griffe et le poil à gratter - ici les enseignants et les ex soixante-huitards en prennent plein le museau.
Bonnes résolutions pour 2017 :
• aller enfin dire à l'auteur au salon de Mauves en Noir qu'il est génial (j'ai trois mois pour retravailler cette formulation niaise)
• ne pas me laisser décourager, comme les années précédentes, par un grand gaillard qui prétend avoir peur de lui, alors qu'il a au moins autant d'humour et de sens de la repartie - d'ailleurs j'adorerais assister à un petit échange entre ces deux-là... 😉
23 & 24 déc.
• les 'Gaufrettes amusantes' d'Eugène Blond •