Casterman, Sociorama, 25 janvier 2017, 300 p.
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Yasmine Bouagga est sociologue, Lisa Mandel illustratrice.
Elles ont collaboré à plusieurs reprises pour la collection 'Sociorama', qui présente des sujets de société en BD.
Elles se sont rendues dans la jungle de Calais de février à octobre 2016, et témoignent dans cet album du quotidien des migrants et de ceux qui leur viennent en aide.
Même si le sujet ne prête pas à la rigolade, les auteurs parviennent à garder un recul et un humour qui évitent de tomber dans le pathos, tout en instruisant le lecteur puisqu'il s'agit d'une véritable enquête de terrain.
On apprend ainsi beaucoup sur les conditions de (sur)vie dans les différents camps (Calais, Grande-Synthe, Chocques...) - l'économie parallèle qui se met en place, les 'guerres de clan' selon les origines, le triste sort des mineurs sans parents sur place, la prostitution pour être protégé...
On comprend pourquoi certains réfugiés préfèrent attendre à Calais plutôt que d'accepter de partir dans des CAO (centres d'accueil et d'orientation) dans d'autres régions, s'ils ont des proches installés en Grande-Bretagne. On prend conscience du formidable travail des associations (on distingue celle mandatée par l'Etat, et les assos indépendantes), on voit comment sont répartis nourriture, produits de première nécessité, vêtements...
Et j'en oublie, parce que ma lecture date de deux mois.
A lire ! Il est rassurant d'apprendre qu'on peut aider par l'entremise d'associations sérieuses et efficaces, si on trouve inadmissibles l'inertie et les mesures répressives de l'Etat...
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août
- Mon Pays, Claudio Capeo, 2016 -
Je les entends venir au loin
Venir pour tout saccager
Je n'ai pas d'autres choix que de laisser derrière moi
Tous ceux que j'aime
Et tout ce que j'ai été
J'ai grandi dans la vallée
Au milieu des champs de blé
Seul devant ces barbelés
Je suis un naufragé
Qui ne sait même pas nager
Oh mon dieu
Non je ne mourrai pas ici
Non je survivrai à la folie
Je partirai pour pouvoir un jour
A nos enfants tout raconter
Et je dois te dire adieu
Oh mon pays
Mais sauras-tu me pardonner
Ça me tue de t'abandonner
Oh mon pays
Je t'ai tant aimé
Les souvenirs des mariages
Les fêtes de famille au village
Tout le monde était heureux
Jusqu'à ce que ces fous furieux viennent
Et se prennent pour dieu
Comment pourrais-je oublier
Toutes les larmes versées
Je les revois toutes alignées
En train de prier
Juste avant de tomber
Oh mon dieu
Non je ne mourrai pas ici
Non je survivrai à la folie
Je partirai pour pouvoir un jour
A nos enfants tout raconter
Et je dois te dire adieu
Oh mon pays
Mais sauras-tu me pardonner
Ça me tue de t'abandonner
Oh mon pays
Je t'ai tant aimé
Comment pourrais-je oublier
Toutes les larmes versées
Seul devant ces barbelés
Je suis un naufragé
Qui ne sait même pas nager
Oh mon dieu
Non je ne mourrai pas ici
Non je survivrai à la folie
Je partirai pour pouvoir un jour
A nos enfants tout raconter
Et je dois te dire adieu
Non je ne mourrai pas ici
Je survivrai
Et je dois te dire adieu