~ Dis à ma fille que je pars en voyage, Denise Chalem
Actes Sud - Papiers, 10 octobre 2006, 57 p.
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Lorsque Caroline arrive dans la cellule qu'occupe Dominique, celle-ci est en détention depuis sept ans déjà. Autant dire qu'elle connaît les règles, les astuces. Après avoir accueilli froidement la nouvelle, comme il se doit pour assurer son autorité, elle lui fait profiter de son expérience.
Ces deux femmes ne sont pas du même monde, leurs forfaits ne sont pas les mêmes, mais la confiance s'installe et un lien va se tisser entre elles.
Après trois lectures* sur les conditions carcérales féminines, je m'étonne encore du contraste entre les prisons pour femmes et celles pour hommes, que souligne d'ailleurs l'auteur Mohamed Kacimi (Tous mes rêves partent de gare d'Austerlitz).
On ne peut pas dire que la vie y est moins dure.
Elle est dure : l'inconfort, le manque d'intimité, la rudesse, la violence entre détenues, l'exploitation de la main d'oeuvre en atelier et le sadisme de certaines gardiennes sont réels.
On trouve par contre une tendresse, une douceur, une sensualité entre ces femmes qui se serrent les coudes, s'épaulent, se maternent à tour de rôle quand l'une perd pied.
Beau texte, court, intense, poignant.
Qui nous laisse avec ces questions, parmi d'autres :
- combien de femmes sont incarcérées pour avoir fait justice elles-mêmes face à des hommes (violents, violeurs, etc.) ?
- quelle place ont ces femmes 'dehors' (dans l'esprit de leurs proches, qui ne leur rendent pas visite ? et après avoir purgé leur peine, pour se réinsérer ?)
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* voir aussi Une si jolie petite fille, de Gitta Sereny.
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28 janv.
Aller et venir, soleil et sourire
Sont de l'autre côté... ♪♫