Gallimard, Blanche, 22 août 2019, 350 p.-
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Sexe, pouvoir, médias, réseaux sociaux, opinion publique, justice.
Jean Farel est un célèbre journaliste - ou présentateur TV, plutôt : davantage dans le show que dans l'investigation. Son épouse Claire, de vingt-cinq ans sa cadette, écrit des essais et des articles féministes. Leur fils Alexandre est promis à son tour à une belle carrière : bac à 16 ans, Polytechnique, Université de Stanford. Sa réussite est d'autant plus importante pour le père que lui-même est 'parti de rien'.
Bien sûr, derrière cette belle façade, la famille a connu des difficultés. Jean n'est pas exemplaire, ni comme époux, ni comme père, mais il a su se préserver des scandales en jouant de prudence, de discrétion, et grâce à ses relations. Un dérapage 'de 20 minutes' (sic) en pleine tourmente #MeToo menace la quiétude familiale…
Dans ce roman à la fois simple et fouillé, Karine Tuil montre les rapports hommes-femmes dans notre société : ceux qui font scandale (inégalités professionnelles, harcèlement, viol...) mais aussi la domination masculine plus insidieuse, implicitement acceptée, voire utilisée par certaines femmes elles-mêmes. Cette domination est d'autant plus facile à imposer pour les hommes célèbres, influents et riches. Les exemples ne manquent pas dans l'actualité, où l'on voit - comme dans cette histoire - l'importance des relations entre people du monde politique et de la presse. Les exemples ne manquent pas dans l'actualité, où l'on voit - comme dans cette histoire - l'importance des relations entre people du monde politique et de la presse.
J'attribue la note maxi à cet ouvrage plus efficace (explicite et subtil) qu'un essai de sociologue. Il n'assène pas de théories féministes, il présente des faits et invite subtilement à réfléchir à nos façons de penser et d'agir, notamment en matière de séduction et de sexualité. Grâce au regard de Claire, en particulier, à ses ambivalences de femme et de mère, on y voit que le sujet n'est pas si simple.
Je souhaite le meilleur à ce roman en cette rentrée littéraire, et pendant la période des prix. Parce qu'il le mérite, mais aussi (surtout) parce que j'espère qu'il sera beaucoup lu, par tous les sexes & tous les âges (à partir de 14-15 ans).
▪️ lu grâce à la critique élogieuse de Clara Bamberger dans le Canard enchaîné du 28/08/2019
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28 > 30 août
° rentrée 2019 ~ 02 °