Editions de l'Olivier, 18 août 2016, 240 p.
Points, 5 octobre 2017, 240 p.
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Quelques titres de JP Dubois : La vie me fait peur • Si ce livre pouvait me rapprocher de toi • Tous les matins je me lève [formulation typique d'un dépressif] • Maria est morte • Les poissons me regardent • Une année sous silence • Prends soin de moi...
Sachant qu'ils annoncent bien les 50 000 nuances de blues du contenu, et que d'autres romans de l'auteur sont tout aussi sombres sans que le titre l'annonce clairement, on se dit que JP Dubois n'est vraiment pas en forme. Ce mal-être affiché à longueur d'ouvrages est-il sincère ? outré ? est-ce une posture ? posture vendeuse, façon O. Adam qui ne change pas sa recette qui gagne ?
Dans La succession, on en est déjà à trois suicides (grand-père, oncle, mère) dès la troisième page, et c'est pas fini. Des suicides mis en scène de façon sordide, comme si l'acte ne suffisait pas, et abondamment détaillés par le narrateur/auteur. Un remake dilué de Suicide mode d'emploi.
L'idée de succession évoquée dans le titre est double : hériter des troubles psychiatriques des lignées maternelle et paternelle, mais aussi reprendre le cabinet du père, médecin généraliste à Toulouse.
La première perspective effraie Paul - Delphine de Vigan, Florence Noiville et Marie Sizun l'ont très bien (d)écrit aussi.
Et la deuxième ne l'enchante guère, lui qui gagnait sa vie comme pelotari à Miami depuis quelques années. D'autant que le défi s'avère difficile à relever lorsque Paul s'aperçoit que ce père, qu'il prenait pour un salaud sans coeur, était très apprécié de ses patients, notamment parce qu'il les 'aidait'.
L'auteur écrit très bien, jouant avec les contrastes :
- entre humour et désespoir
- Eros & Thanatos
- personnages sympas au langage fleuri (Epifanio ♥) mis en valeur par le manque de relief d'individus indécis (comme Paul)
- fidélité canine vs abandon brutal des humains
- sport de loisir vs pratique 'utile' de la médecine
- austérité de la vie toulousaine familiale (horlogerie, médecine) vs vacances au pays basque, puis ambiance festive et mafieuse de Miami.
Dubois a également des talents de conteur, c'est indéniable, et certains passages sont réjouissants, notamment les anecdotes historiques, façon Pierre Raufast (La fractale des raviolis, La variante chilienne...). L'accumulation donne quand même l'impression au lecteur qu'il est allé lui-même faire quelques vérifs dans Wikipédia, et ça finit par sonner faux.
On peut aussi trouver ch!ants certains détails - ici sur la pelote basque, à l'instar de John Irving avec la lutte.
Mon avis est donc plus mitigé que ceux de la plupart des lecteurs de Babelio, mais j'ai aimé l'humour, le chien, et la facette paternelle qu'on ne découvre qu'à la fin.
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Merci à Cécile du far-east pour cette LC.
Petit décalage à déplorer. Mea culpa, j'ai pris des chemins de traverse entre Toulouse, l'Euskal Herria et la Floride : suis passée par la forêt du petit loup en slip, et par la vallée de la Roya avec les fermes accueillantes de Cédric Herrou et d'autres 'justes' aussi formidables que lui.
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01 > 05 déc.