~ Bel abîme, Yamen Manai
Elyzad, 02/09/2021, 112 p.
Une seule voix : celle d'un Tunisien de quinze ans, face à un avocat commis d'office, puis un psy. Pourquoi a-t-il tiré sur son père, sur un agent municipal, sur le maire, etc. ? Au nom de quoi ? Est-il terroriste ?
Il raconte, il en a gros sur le coeur, et n'a visiblement plus rien à perdre depuis longtemps. Il vit dans un monde froid, rigidifié par des principes religieux absurdes, énoncés trois siècles plus tôt et réécrits, réinterprétés. Il a été élevé par des adultes violents (son père, ses enseignants) ou complices passifs (sa mère). Aussi, quand il perd ce qu'il a de plus cher, il part en vrille. Mais chut, on n'en dira pas plus.
L'auteur fait monter la tension et l'empathie sur une centaine de pages, avec une grande finesse et même de l'humour - celui du désespoir, sans doute.
Emue et en colère, j'ai écouté d'une traite cet adolescent intelligent et sensible.
Demain les Kids... ♪♫ *
« Dans ce monde de façades, ce qu'il y a de plus précieux est ce qui coûte le moins. Un livre, une étreinte, et l'amour, l'amour. (...) »
La 4e de couv' est trop bavarde, et la première est hideuse (solide aversion pour les portraits réalistes d'animaux, sans doute depuis les canevas muraux des années 70 ?).
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3 mars - lu dans le cadre du jury Cezam 2022