~ Une Exécution, Danya Kukafka
Notes on an Execution, 2022
traduit de l'anglais (USA) par Isabelle Maillet
Buchet Chastel, 2023
Pocket, 7 mars 2024, 432 p.
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Ansel Packer est dans le couloir de la mort.
Le compte à rebours est lancé, l'exécution a lieu dans 12 heures. L'aumônier lui rend visite, Ansel a peur, espère une autre issue.
Le lecteur apprend ce qu'il a fait. Mérite-t-il de le payer de sa vie ? Selon les proches des victimes, oui. Mais cela suffira-t-il à leur apporter une forme de paix ?
J'ai pensé à La dernière marche (Tim Robbins, 1995) avec deux acteurs bouleversants : Sean Penn dans le rôle de l'accusé et Susan Sarandon dans celui de la religieuse qui "l'accompagne". Ce film brillant bouscule mes certitudes bien-pensantes, et j'oscille en y repensant entre l'indignation, le besoin de revanche, et le plus grand respect pour le combat de Badinter (et d'autres) qui mena à l'abolition de la peine de mort en France en 1981. J'ai ressenti les mêmes incertitudes en lisant La Bête de Anders Roslund et Börge Hellström, où non, décidément, il n'est pas question de laisser un prédateur calculateur et froid s'en tirer à bon compte (cf. également les affaires F*urniret, Lel@ndais...)..
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L'intelligence de ce roman tout en nuances m'a séduite ; il faut dire que j'ai lu récemment 'Le tueur intime' de Claire Favan, qui prétend nous faire entrer dans la tête d'un serial killer, alors qu'on assiste pendant plus de 700 pages à des massacres de psychopathe, de plus en plus violents & monstrueux, et parfaitement calculés. Quel intérêt d'entrer dans ce genre de caboche vide ?
Danya Kukafka, en revanche, dépeint ici un personnage intéressant, en souffrance, souvent sympathique et touchant, précocement détruit par 'la faute à vraiment pas de chance'.
Son histoire nous invite à réfléchir sur la possibilité (?) de 'choisir' entre le bien et le mal - c'est d'ailleurs l'idée qui obsède Ansel Packer. Mais est-ce si facile lorsque tout a si mal démarré ?.
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Alors ce roman est subtil, intelligent et émouvant, mais il souffre de longueurs ; j'ai trouvé que ça piétinait cent pages avant la fin... d'autant que le personnage maternel, trop tranquille face à ce monstrueux gâchis, m'a indignée/énervée/révoltée. . Je me demande parfois si les auteurs de thrillers ont des seuils : en-deça de 400 pages, ça ne serait pas sérieux ?
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Sur un thème proche, j'avais admiré le talent de Marc Dugain qui exprime bien la dualité de son personnage dans Avenue des Géants.
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. 26 avril > 1er mai