~ Sukkwan Island, David Vann
Encore une fois, évitez la 4e de couv' !
"Dans l'imagination de Jim, n'importe quel garçon aurait eu envie de s'installer en Alaska avec son père, de s'organiser pour survivre en pleine nature comme un pionnier (...), mais il n'avait pas un instant pensé à Roy ou à ce que Roy aurait pu vouloir". (p. 139)
Tout est dit dans ces lignes, sans rien dévoiler cependant à ceux qui n'ont pas lu le roman...
Jim, dentiste divorcé, se retire pour une année sur une île déserte - plus hostile que paradisiaque - avec son fils de treize ans, Roy. Munis d'un zodiac, de quelques provisions et outils, installés dans une cabane rudimentaire, ils vont devoir affronter la solitude, les intempéries, les ours, et apprendre à survivre de la pêche, de la chasse... Une vie bien difficile pour un ado qui regrette sa mère, sa soeur, ses amis, et se retrouve confronté à un père dépressif...
Dès les premières pages, on est pris dans une ambiance oppressante, angoissante. Le charme de la vie en quasi-autarcie cède très vite la place à l'inquiétude de l'isolement absolu. Ce malaise est renforcé par les accès de désespoir du père. On sent planer une menace, on se demande si Jim et Roy arriveront à traverser l'hiver indemnes. On en veut à ce père mal en point de mettre son fils si jeune dans une position de confident, de soutien. On ne comprend pas non plus que Jim ait pu être si inconséquent : pas d'échelle, pas assez d'outils ni de vivres, peu de notions de survie en milieu extrême... On admire la gentillesse, le courage et l'abnégation de Roy. Bref, on est complètement immergé dans leurs conditions difficiles, au sein de ce "huis-clos" pesant. Le personnage du jeune garçon est particulièrement bien senti, les situations et les dialogues sonnent juste... La seconde partie du récit est éprouvante et m'a semblé bien longue... Un livre dur, émouvant, marquant. A lire !
Sukkwan Island, David Vann, Editions Gallmeister, janvier 2010, 212 p.