~ Dans les forêts de Sibérie, Sylvain Tesson
Lu par Mr :
Sylvain Tesson a choisi de passer six mois dans une cabane de 10 mètres carrés située près du rivage du lac Baïkal en Sibérie - voici son journal de bord. Il commence de manière très intéressante par la description des préparatifs (équipements et livres emportés) et des premières impressions de l'aventurier. Le ton est parfois humoristique (cf. extraits), parfois strictement descriptif et parfois philosophique, au gré des humeurs et des lectures de l'auteur.
Celui-ci mène une réflexion riche sur nos sociétés de consommation (cf. extraits) ainsi que sur la solitude. Toutefois, au fil des pages, j'ai fini par trouver le récit répétitif et lassant, même si l'auteur exprime bien l'ambivalence de son ressenti (emballement pour la beauté du lieu et spleen "soigné" à la vodka). L'arrivée du printemps a un peu rompu cette monotonie dans la vie de l'auteur et de ce fait dans son texte.
Trouvant cette démarche de Sylvain Tesson intéressante, j'ai été déçu par ce livre. J'ai nettement préféré ses récits de voyages itinérants (L'axe du loup), et un de ses recueils de nouvelles (Une vie à coucher dehors).
Merci Patricia !
Dans les forêts de Sibérie, Sylvain Tesson, Gallimard, septembre 2011, Blanche, xxx p.
Extraits :
"Moins on parle et plus on vivra vieux" dit Youri. Je ne sais pourquoi mais je pense soudain à Jean-François Coppé. Lui dire qu'il est en danger. (p. 71)
Il y a cette fameuse blague soviétique du type dans la boucherie : "Vous avez du pain ?" Réponse : "Ah non, ici c'est l'endroit où l'on a pas de viande, pour l'endroit où l'on a pas de pain, c'est la boulangerie d'à côté." (p. 121)
J'essaie d'identifier chaque visiteur du ciel. Nommer les bêtes et les plantes d'après les guides naturalistes, c'est comme reconnaître les stars dans la rue grâce aux journaux people. Au lieu de "Oh ! Mais c'est Madonna !", on s'exclame "Ciel, une grue cendrée !" (p. 197)
[Avec les chiens] nous jouons sur la plage. Je leur lance l'os de cerf déniché par Aïka. Ils ne se lassent jamais de me le rapporter. Ces maîtres m'apprennent à peupler la seule patrie qui vaille : l'instant. Notre péché à nous autres les hommes c'est d'avoir perdu cette fièvre du chien à rapporter le même os. Pour être heureux, il faut que nous accumulions chez nous des dizaines d'objet de plus en plus sophistiqués. La pub lance son "va chercher !". Le chien a admirablement réglé son problème du désir. (p. 155-156)