~ Faire semblant les jours d'orage, Nicolas Poupon
L'album s'ouvre sur du rose : une scène sirupeuse de baiser langoureux, avec dialogues à l'avenant :
- La vie m'a fait ce cadeau cruel qu'est l'amour, Rebecca... TON amour ! Jamais je ne laisserai un autre me le reprendre...
- Ooooh Ryan...
Y aurait-il tromperie sur la marchandise par rapport à la couverture !? Pas de panique, on n'est pas dans une BD girly, oh non ! Le ton change rapidement, on redescend sur terre, dans une banlieue dite 'défavorisée'. J-P adolescent brisé, mutique, haineux, qui subit au quotidien un beau-père violent. Et Mike, solitaire, trop gentil/faible, dont le père est parti et la mère devenue accro aux séries télé à l'eau de rose... Et autour, des bandes de durs désoeuvrés, qui ont choisi leurs têtes de turc - Mike est de ceux-là. Comme le laisse présager la couverture, le récit tourne en road-trip...
Album sombre sur le fond (violence, haine, désespoir...) et sur la forme : le bleu foncé domine largement, éclairé de loin en loin de touches de couleur - le rose bonbon des feuilletons, et du sang, mais pas seulement. Violence, déprime et peur s'effacent parfois derrière tendresse et humour... Quant à la fin, noire, grise ou autre, je vous laisse découvrir.
Une histoire triste, émouvante et belle.
15/20 - 25 novembre - emprunt mdtk
Faire semblant les jours d'orage, Nicolas Poupon, Delcourt, juin 2009, 127.
Extraits
► - Allô, maman ?... C'est Mike, ça va ?
- Hmm... Hmmmm...
- Ca a pas l'air d'aller ?
- Ryan est mort.
- Qui ça ?
- Ben Ryan... Ryan de la télé...
(p. 64)
► - Salut Maman, ça va ?
- Couci-couça.
- Ryan ?
- Les médecins lui ont diagnostiqué un cancer... il savent pas s'il va s'en sortir.
- C'est que de la télé, maman...
- Je sais, mon grand. Me prends pas pour une idiote... Mais quand tu penses que c'est un accident de voiture qu'a déclenché la maladie... Ces chocs psychologiques, c'est quelque chose quand même... Alors s'il apprend que Sabrina le trompe, là...
(p. 90)