~ Personne n'en saura rien, Sylvie Granotier
Albin Michel, octobre 2014, 244 p.
♥♥♥♥♥
Trois jours de procès aux assises de Jean Chardin, accusé de viol sur mineure. Flash-back sur les agressions sexuelles perpétrées par ce sinistre bonhomme. Depuis sa puberté, Jean aime un peu trop regarder les filles qui repartent de la plage à vélo. Il ne se contente pas de les mater discrètement, hélas pour elles. C'est un brave gars, pourtant, le genre de voisin sans histoire, toujours prêt à rendre service et à blaguer, tout le monde vous le dira.
Sylvie Granotier brosse le portrait de ce criminel avec talent. La preuve : j'arrivais à le plaindre, de loin en loin, ce type pitoyable, tout en me disant qu'il était sûrement moins victime et bonasse qu'il essaie de le faire croire. Mais le plus souvent je lui souhaitais le pire.
J'ai parfois été perdue parmi les protagonistes et dans la chronologie, j'ai douté de la crédibilité de la fin. J'ai trouvé des ressemblances avec des romans de Jacques Expert que je n'ai pas aimés - la caricature de la famille beauf, notamment. Mais qu'importe, j'ai apprécié la plume sèche et grinçante, l'atmosphère du procès qui m'a rappelé celle du roman L'Audience (ici l'on s'acharne à montrer la responsabilité parentale) et toutes les réflexions suscitées. Ce roman interpelle, comme tous les bons ouvrages évoquant les serial killers et les auteurs de crimes sexuels : quid de leur responsabilité ? de leur passé ? de leur propre souffrance ? de leurs tentatives pour ne pas passer à l'acte ? de leur santé mentale ? de leur sens moral ? de la justice ? des récidives ?
Si les autres romans de Sylvie Granotier sont de cette étoffe, j'y reviendrai bien volontiers.
16 &17 nov.
Merci à Arthur et aux éditions Albin Michel.
Challenges thrillers et polars (2014/2015)