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Canel
18 septembre 2020

~ Soyez vous-même, Côme de Bellescize

soyezLes Cygnes, 1e juin 2018, 60 p.

♥♥♥♥♥

Jusqu'où peut-on aller pour obtenir un 'vrai' poste, surtout après des mois de galère entre chômage et boulots précaires et/ou un gros investissement (études longues, emprunts, stages non rémunérés, coaching payant) ?

Cette jeune femme "pimpante, pulpeuse et colorée" se présente pour un poste de directrice de communication. Elle VEUT vendre de la Javel, c'est le job annoncé. Elle doit du moins en convaincre son interlocutrice. Elle est bardée de diplômes, s'est préparée à l'entretien, a la pêche - ça devrait aller.
Mais la dame en face s'annonce peu avenante : "costume noir étriqué, corps frêle, lunettes noires et canne blanche".

Il ne faut pas se fier aux apparences, certes, mais dès qu'on voit la recruteuse, y a comme un malaise. Il promet, cet entretien !
Impression vite confirmée. La femme est odieuse, demande beaucoup, pousse la candidate dans ses retranchements, la ridiculise, se radoucit parfois, semble alors sincère, puis repart dans des exigences extravagantes, l'humilie de plus belle.
Ça va trop loin, là, quel est le problème ? Que veut-elle ? Est-elle perverse ? Sadique ? Elle ne sort pas du cadre professionnel en malmenant ainsi la candidate qui devient sa victime ?

Je ne sais pas quelle impression donne le texte brut.
Je l'ai vu joué sur scène en mars 2017 avant de le relire 3 ans 1/2 plus tard, hier.
Malgré ma mémoire souvent défaillante, je gardais parfaitement en tête ce sentiment de malaise croissant - très peu de répit, on s'émeut parfois (la jeune femme est touchante), on rit rarement.
Cet entretien est une séance de torture, de prédation, un chat qui joue cruellement avec une souris. Serrer la vis, relâcher, re-serrer, vampiriser, dénuder, vider l'autre de sa substance, de sa confiance, encourager, remettre à terre, etc.
De quoi bien préparer à certains milieux professionnels, cela dit.
« Vous n'êtes obligée à rien. Vous pouvez rester là, immobile, figée dans votre espace et votre temps, engluée dans votre ignorance poisseuse. Je trouverai à vous remplacer, ne vous inquiétez pas pour moi ! le monde regorge de gens qui veulent avancer et qui n'ont pas peur d'affronter ce qu'ils sont ! »

J'étais allée voir la pièce seule, placée au 2e rang dans une petite salle - j'en suis ressortie secouée, essorée, glacée. Je n'ai pas pris le temps de demander à d'autres spectateurs leurs sentiments à la "vue" de ce jeu malsain - je ne sais même plus si j'en ai eu envie.
On fait plus que "voir", d'ailleurs, on est dedans. La jeune femme glisse à un moment, pour esquiver une énième épreuve humiliante :
« Je vois des gens. (...) Je vous assure. (...) Je sens des respirations »...
Ciel ! elle sait donc qu'on est là et qu'on laisse faire ? Est-ce que d'autres ont eu envie de sauter sur scène pour attraper la sorcière, la retenir, lui crier : "Mais arrête, sal*pe ! Lâche la, c*nnasse ! C'est quoi ton kif, vicelarde sadique ?"

A éviter avant des entretiens d'embauche, des oraux de concours. Ou si l'un(e) de vos proches doit bientôt passer sur le gril.


   •  C'est grâce à un article élogieux du Canard enchaîné que j'ai découvert cette pièce percutante, inoubliable, et brillamment interprétée par Eléonore Joncquez et Fannie Outeiro. Bisous sur le bec !

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agenda2

17 & 18 sept.

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