~ Le Baiser dans la nuque, Hugo Boris
Belfond, août 2005, 219 p.
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Où il est question d'enfantement et de musique, d'urgence à jouir de ses sens avant qu'ils ne vous trahissent... Louis et Fanny se sont connus en salle de travail, il tenait la main de sa belle-soeur veuve, elle était la sage-femme. Ils se revoient tous les jeudis : Louis est professeur de piano, Fanny veut apprendre à en jouer avant de devenir sourde, sa maladie gagne rapidement du terrain.
J'ai découvert dans ce beau roman des mots superbes pour parler de la maternité dans toute son animalité, toute sa majesté, toute sa splendeur. Pour parler de la beauté et de la fragilité d'un bébé, de ses allures de chaton lorsqu'il tète, lorsqu'il est endormi. Pour dire l'amour, le bonheur et la fierté dans le regard d'une jeune maman.
Hugo Boris a une très belle sensibilité. Je n'aurais qu'une chose à lui reprocher ici : ce titre qui laisse présager une simple bluette, cette couverture qui me fait bailler d'ennui à l'idée de lire un récit centré sur des leçons de piano. Il y a bien cela, certes, mais joliment accompagné d'histoires de femmes devenant mères qui m'ont rappelé Chambre 2 de Julie Bonnie, en moins pessimiste, et Le choeur des femmes de Martin Winckler.
Lu et aimé de cet auteur, dans un tout autre registre : La délégation norvégienne.
• EXTRAIT
La chambre silencieuse sent le bébé. Elles se sont assoupies toutes les deux, collées l'une à l'autre. La petite est blottie dans une grenouillère couleur nuage. Elle dort du sommeil des nourrissons, profond, définitif.
Assoupie sur le côté, sa mère a les genoux légèrement remontés à la poitrine.
Calme, comme une femme qui se referme.
31/12