~ Danser les ombres, Laurent Gaudé
Actes Sud, 7 janvier 2015, 249 p.
• l'avis de Mr
♥♥♥♥♥
En janvier 2010, alors que la population haïtienne se relève difficilement de plusieurs années de dictature, un tremblement de terre dévaste le pays. Trois cent mille morts, trois cent mille blessés, un million de sans-abris.
Laurent Gaudé raconte l'avant et les jours qui ont suivi.
Ce roman démarre très lentement par la présentation successive de scènes et de personnages sans rapport apparent. le style est télégraphique et les portraits sont d'abord très succincts. J'ai longtemps eu le sentiment d'assister à l'ébauche d'un tableau avec quelques touches de couleurs dispersées ici et là. Il m'a fallu beaucoup de temps pour avoir une vision d'ensemble, trop pour saisir la cohésion de la première partie du récit et m'y intéresser. le changement de rythme de la seconde partie m'a réveillé : descriptions du séisme, du chaos, de l'effroi, du désarroi, de l'attente, de l'espoir, du deuil. Ce ton m'a mieux convenu, mais j'ai de nouveau perdu pied et été agacé avec les "esprits", lorsque les vivants se mêlent aux morts.
J'ai plusieurs fois eu l'occasion d'apprécier le talent de Laurent Gaudé (Eldorado, Cris, Dans la nuit Mozambique…). Je n'arrive pas à le suivre en revanche - et n'en ai pas envie - dans son registre mystico-lyrique.
Lu dans le cadre du prix Relay. Merci à Babelio et aux éditions Actes Sud.
• l'avis de Canel
♥♥♥♥♥
Toute une galerie de personnages pour présenter Haïti, rendre compte de la pauvreté et de la précarité après les années de dictature Duvalier, à la veille du séisme de 2010 qui a ravagé le pays.
En scène : Lucine, qui revient à Port-au-Prince après cinq ans d'absence, Saul, "presque" médecin, fils d'une "bonniche" et de son patron, Tess, ex-tenancier de bordel, Firmin, chauffeur de taxi ancien tonton makoute, Lily, jeune fille américaine en fin de vie, Ti-Sourire, apprentie infirmière... Leurs liens se précisent lentement, très lentement, trop lentement pour qui peine à suivre l'écriture de Gaudé.
Et puis, à la moitié du récit, trente-cinq secondes pour tout changer, rassembler et éclater ce microcosme : scènes d'horreur et de chaos avec le séisme. La terre se fend pour engloutir ses proies, tout en libérant les défunts qui viennent se mélanger aux vivants. Qui est mort, qui ne l'est pas ? On ne le sait plus, les voix et les ombres se fondent.
J'ai apprécié plusieurs romans de Laurent Gaudé (Eldorado, Ouragan, Dans la nuit Mozambique, La porte des Enfers) - les thématiques, la plume. Je ne m'y retrouve plus depuis Pour seul cortège, je m'ennuie dans ses récits. Trop lents et trop lyriques pour moi, sans doute...
Gambadou est un peu déçue, mais ça ne l'empêchera pas de "courir acheter le prochain".
23 au 25 mars
- challenge rentrée hiver 2015 avec Laure & Valérie itinérante, chez MicMélo -