Casterman, 15 avril 2015, 236 p.

Lu par Mr

♥♥♥♥

En 2006, la jeune Mila vient passer quelques semaines avec ses parents sur l'île de Lampedusa, dans sa maison d'enfance qu'elle n'a pas revue depuis sept ans – elle avait alors dix ans. Ce retour ne lui rappelle pas seulement de bons souvenirs, il ré-ouvre aussi les plaies occasionnées par de tragiques événements familiaux.
L'histoire de Mila est entrecoupée de courts récits d'Erythréens subissant la dictature en place et prêts à tout pour quitter cet enfer. Lampedusa est précisément un lieu de passage dans leur exode.
Une rencontre entre ces deux mondes semble se dessiner.
Que cette rencontre se produise, ou non, à travers les personnages mêmes du livre n'a que peu d'importance. En effet le roman met leurs vies en parallèle assez longtemps pour faire percevoir les décalages que l'auteur a voulu mettre en évidence.
L'histoire de Mila est crédible, poignante, et racontée avec finesse (davantage que celle de l'adolescente dans Là où naissent les nuages de la même auteur, que j'avais aussi apprécié).
Les récits d'Africains sont encore plus bouleversants mais je les ai trouvés moins agréables à lire. Certainement parce que leurs vies semblent plus désespérées que celle de Mila. Probablement aussi parce que je m'identifiais moins facilement à eux qu'à la jeune Italienne. Mais peut-être également parce que ces voix sont plus dérangeantes pour l'occidental que je suis ?
Une note de l'auteur de deux pages en fin d'ouvrage rappelle le contexte historique. Même si aujourd'hui les Erythréens, ou leurs cadavres, ne sont plus ceux qui échouent le plus sur nos côtes européennes, le propos général reste malheureusement d'actualité…
Cet ouvrage destiné à un public adolescent invite aussi les adultes à réfléchir, et je le recommande donc pour tous, à partir de quinze ans.

L'avis de Canel.

Merci aux éditions Casterman.