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Canel
3 février 2019

~ Comme à la guerre, Julien Blanc-Gras

comme à la guerre

Stock, La Bleue, 2 janvier 2019, 288 p.

 ■  lu par Canel

♥♥♥

Depuis les attentats terroristes en France revendiqués par Daech, peut-on dire que nous vivons dans un pays en guerre ? Que Paris est une ville dangereuse ? 

Pour répondre à cette question, Julien Blanc-Gras a relu les carnets de guerre de ses deux grand-pères, qui ont 'fait' la seconde Guerre mondiale. Il en livre de nombreux extraits dans cet ouvrage.

Cet exercice a un sens complémentaire pour ce jeune papa : en s'interrogeant sur l'héritage familial, il s'ancre dans une filiation, et son fils avec : « Pour rendre hommage à [l'histoire] de mes aïeux, je ne peux qu'offrir ce petit mausolée de papier, qui sera remis à la génération suivante. »

Ce livre est également prétexte à évoquer les premières années de son petit garçon. Les anecdotes sont amusantes, et le regard paternel est touchant, entre les moments magiques et l'épuisement, les progrès de l'enfant, sa curiosité qui s'éveille et sa crise du non – « Mon fils, ce bipolaire. »

Le résultat est donc aussi personnel qu'universel. 
Je l'ai trouvé moins acéré et moins drôle que les précédents textes de l'auteur (ses carnets de voyage, et In Utero, le récit sur la grossesse de sa compagne). 
Après avoir lu les autobiographies familiales de Marie-Aude Murail (En nous beaucoup d'hommes respirent) et de Tardi (Stalag IIB, tome 3), il est possible que ce genre de récit introspectif me paraisse redondant, notamment les épisodes sur la guerre...

agenda2

26 & 27 janv.

___ 

  ■  et Mr

♥♥♥♥

Dans In Utero, Julien Blanc-Gras racontait la grossesse de sa compagne, qu'il appelle la Femme. 
Comme à la guerre est une suite de ce récit, avec l'entrée en scène de l'Enfant, leur fils.

Bien qu'autographiques, ces récits ne sont pas nombrilistes. Au contraire, à travers la vie de sa famille c'est une partie de celle des Hommes que l'auteur observe et analyse.
Le fils de Julien Blanc-Gras est né quelques mois après le massacre de journalistes dans la rédaction de Charlie Hebdo. D'autres attentats ont suivi à Paris et ailleurs.
L'auteur s'interroge sur les conséquences de ces actes terroristes sur notre quotidien, et sur le terme de 'guerre' employé par des personnalités politiques pour les désigner. 
Ses deux grand-pères ont combattu durant la seconde guerre mondiale. Peu diserts sur le sujet, ils ont laissé des bribes de témoignages écrits que JBG nous livre, nous donnant sobrement un aperçu de ce qu'est une guerre. 
Le contraste entre les époques est suffisamment important pour que nous relativisions les choses (du moins pour ceux qui n'ont pas été directement victimes des attentats).

J'ajoute un commentaire personnel aux réflexions de l'auteur. Les personnalités politiques qui estiment que des attentats sur notre territoire font de la France un pays en guerre n'y adjoignent jamais l'adjectif 'civile'. Or la plupart de ces attentats ont été commis par des Français. Ne s'exonèrent-ils pas ainsi d'une réflexion sur ce qui a fait basculer ces personnes dans le camp des terroristes ? L'égalité et la fraternité prônées par la devise de notre République n'ont-elles pas trop longtemps oubliées ?

La transmission aux descendants est très présente dans ce livre. Ce que les grand-pères de JBG lui ont transmis, et ce qu'avec la Femme ils transmettront à l'Enfant (des savoirs, des expériences, des valeurs). 
Comme beaucoup de parents, JBG se demande comment éduquer son fils de la meilleure manière possible, comment l'armer pour vivre dans un monde parfois hostile, sans prétendre trouver LA recette universelle. Au contraire il exprime son désarroi face à certains comportements enfantins. Il n'est pas sorti de l'auberge ! L'adolescence promet un ouvrage décapant…

Bien que réaliste sur la nature humaine, JBG ne sombre pas dans le pessimisme. Sa manière de présenter les choses, ici comme dans ses autres ouvrages (récits de voyage), le rend toujours agréable à lire, y compris sur des sujets sérieux ou graves.
JBG est en quelque sorte le Bill Bryson français, même s'il reste moins caustique (et donc moins amusant).


• Merci à Babelio et aux éditions Stock.

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