~ Six mois, six jours - Karine Tuil
Grasset, 25 août 2010, 256 p.
« L'histoire des Kant est celle d'un monde condamné, le monde de l'abstinence et du mensonge, du capitalisme meurtrier et de la connivence, asseyez-vous, et écoutez. »
Oui, écoutons Karl se confier à cette journaliste qui écrit sur les Kant, des industriels allemands riches et influents depuis plus d'un siècle.
Karl a longtemps été à leur service, homme à tout faire, homme de confiance. Il vient de se faire remercier, suite à un scandale qui a éclaboussé la famille.
Antipathique, agressif, imbu de lui-même, le vieillard se présente longuement, en préambule, interpellant et rudoyant la journaliste. Puis il en vient aux faits, à ce qui a défrayé la chronique : les déboires de l'héritière Juliana Kant, sa chute de 'six mois et six jours'.
« L'argent, les femmes, le pouvoir, la renommée. »
Ces thèmes sont au coeur des trois romans de Karine Tuil que je viens de découvrir. De même que ceux des relations homme-femme, de la famille & de la religion, de la responsabilité/culpabilité et de la justice.
Ce récit est plus court que les deux autres*, mais tout aussi intense, pertinent et percutant. L'écriture ciselée et le décor du point de bascule rappellent le talentueux Stefan Zweig.
L'auteur s'est visiblement inspirée d'une célèbre famille allemande au nom proche. Je ne sais pas si leur parcours est le même. Je n'ai aucun mal à croire, en revanche, à la funeste histoire... de leur succès et de leur fortune (cf. 'L'ordre des choses', E. Vuillard).
* Les Choses humaines (2019)
L'Invention de nos vies (2013).
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18 & 19 sept. - emprunt mdtk