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Canel
2 août 2021

~ L'Ecole des filles, Pascale Hugues

l'école des fillespa hLes Arènes, 27 mai 2021, 300 p.

♥♥♥♥♥

Dans les années 60 et 70, chez les classes moyennes suffisamment à l'aise pour vivre avec un seul salaire, papa conduit la voiture, va au travail, se met les pieds sous la table aux repas, lit le journal dans son fauteuil en fumant... Tandis que maman cuisine, fait le ménage, lave le linge (parfois à la main) et la vaisselle, coud, tricote, reprise, rafistole. Maman se doit d'être fidèle, soumise, coquette mais pas trop.
Même quand leur épouse travaille à l'extérieur, les hommes (pères et fils) sont rois. L'épouse et les filles sont là pour les servir. Dans les familles nombreuses, il arrive qu'elles n'aient pas le temps de s'asseoir pendant le repas.

L'auteur, née en 1959 en Alsace, a contacté quelques unes de ses camarades d'école primaire, présentes sur sa photo de classe de CE2 (4e de couv). Elles s'étaient pour la plupart perdu de vue à 10 ans, elles se retrouvent cinquante ans plus tard, à l'aube de la soixantaine - et donc de la retraite, pour certaines.

Pascale Hugues raconte leur enfance, parfois éloignée de l'image que pouvaient en avoir les autres enfants, et leurs parcours de femmes. Issues pour la plupart de familles modestes, originaires d'Alsace ou filles de parents récemment exilés d'Italie, d'Espagne, du Portugal.

Le récit rappelle ceux d'Annie Ernaux, notamment Les Années, mais il est beaucoup moins égocentré puisque différents points de vue se confrontent via les témoignages de chaque femme.
Même si je suis un peu plus jeune que l'auteur, j'ai retrouvé ma jeunesse, les diktats de l'époque. L'auteur les rappelle de façon imagée et parlante à travers plein d'exemples qui semblent si désuets, et pourtant pas si éloignés (publicité, principes éducatifs et religieux à l'école et à la maison, sexisme...).
J'ai aimé (re)découvrir également les conditions de vie des 'migrants' d'alors, un peu mieux tolérés que ceux d'aujourd'hui, car la France avait besoin de bras, et leur religion était la même que 'la nôtre'. On y voit aussi les difficultés d'une Alsace au sortir de trois guerres qui l'ont ballottée entre deux pays, deux cultures, deux langues.

Ce témoignage de la condition féminine des années 60-70's et de la condition des classes dites 'populaires' est passionnant et très riche.
On y voit le chemin parcouru en cinquante ans, et l'on prend conscience de la fragilité de nos acquis. Attention les filles !

___-

agenda2

 27 juilllet > 1er août

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T
A rapprocher, au moins pour le thème, de la BD de Florence Cestac "Un papa, une maman, une famille formidable: la mienne", que vous aviez chroniquée en début d'année?
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